Infadels. Encore un groupe avec lequel on nous bassine les oreilles depuis pas mal de temps, et dont – bien sûr – on attend énormément. La concurrence est dure!
Ce n’est pas la première fois que l’on a dans les mains un disque dont le titre comporte le nom du groupe, même si ici on peut y voir un clin d’oeil à Magrite. C’est devenu une sorte d’habitude, un peu arrogante mais tellement rock’n roll, de dire « nous voilà ». Il faut savoir quelque chose sur les Infadels : l’attachée de presse, chargée probablement de faire monter la sauce – vous me direz, c’est son job – a signalé il y a déjà plusieurs mois que the next big thing a un nom…, vous devinez la suite non ? A partir de là, piqué dans ma curiosité, voilà-ti-pas que je surfe sur leur site, sur lequel, à part apprendre qu’ils semblent être des bêtes de scène, ne figure pas grand chose à même d’assouvir quoi que ce soit.
Deuxième épisode : le disque de Rhinocérose. Pour ceux qui ont bonne mémoire, pas la peine de rappeler ceci : un des invités, Bnann, n’est autre que le chanteur des Infadels. Tiens tiens. Mais ça ressemble à l’apparition du chanteur de Bloc Party (que certains n’hésiteront pas à rapprocher) dans le dernier disque des Chemical Brothers peu avant la sortie de l’album…où le duo de Toulouse joue les défricheurs de talent prophétique… Comme le monde est bien fait n’est-ce pas ?
Venons-en au fait, à savoir ce disque. Outre une pochette qui rappellera les frères chimiques, on peut tout de go dire que la musique n’y est pas vraiment éloignée, évoluant dans un genre que l’on qualifiera d’électro-rock, ou de rock électro, gratiné au punk. Disons que leurs titres invitent à se trémousser, mais aussi à faire passer le temps, tel ce « Murder that sound », qui évoque les Pet Shop Boys, et qui est aussi le titre le plus faiblichard du disque. De loin.
« Love like semtex » (très LCD soundsystem, et qui augure que du bon puisque c’est le premier titre), « Top Boy », « Jagger ’67 » : les singles en puissance défilent, et on ne mâche pas son plaisir pour un disque qui ne demande pas trop d’efforts, mais qui, on le sent déjà, s’oubliera aussi très vite. Probablement parce qu’il évolue dans un genre par définition éphémère, qui, puisque d’autres ont déjà marqué les mémoires, ne fait office que de « fait comme X », de clone quoi. Un bon clone bien sûr, l’un n’empêchant pas l’autre.
Les Infadels sont d’abord trois jeunes à petits boulots (le guitariste Matt et le batteur Al bossent à l’aéroport de Heathrow, le chanteur Bnann est coursier après avoir été viré avec son groupe Greenship d’une major – retour à la case départ…), originaires de la banlieue est de Londres, Hackney. Ils forment le trio Balboa et sont rejoints par Wag à la basse et Richie (ex-champion Sega) aux percussions, mix et danse. Se proposant – je cite – de mixer les Talking Heads, Steve Reich, The Stooges et les Rolling Stones, ils s’appelleront dorénavant Infadels, nom soufflé par une des apparitions post 9/11 de Ben Laden, traitant les occidentaux d’infidèles, définition qui colle bien au crédo des membres du groupe. Cette attitude punk – ne croire en rien – sera poussée jusqu’à son paroxysme, puisqu’ils refusent par exemple de répéter pour Alan McGee. Quelques singles plus tard – « Leave your body » en 2003 (inspiré du bouquin Vurt de Jeff Noon) et « Can’t get enough » récemment – les voilà soutenus par John Peel ou Playgroup. Une signature chez Wall of sound, une pub pour Diesel, une tournée avec Keith Flint (The Prodigy) feront le reste.
Enfin, pour la petite histoire, leur single « Can’t get enough » contenait à l’origine la participation de Bill Bruford (à la cloche), illustre batteur de Yes et père d’Al, le batteur des Infadels.
Conclusion ? Un groupe intéressant à plus d’un titre, qui a pondu un album respectable, à ranger aux côtés de Kill City. Mais qui souffre malheureusement de la sortie de disques encore plus intéressants, comme Arctic Monkeys ou The Kooks, qui ont de plus le mérite d’apporter un tant soit peu d’innovation à l’édifice rock.
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