Dominique A se retourne sur son passé, pour une introspection qui sonne comme une mise au point éclairée sur son présent.
Voilà 14 ans que Dominique A nous ravit avec ses disques innovants, ambitieux, beaux comme un camion. En sept albums (en comptant le triple Le détour et le double Tout sera comme avant), monsieur Ané nous a habitués à ce qu’il y a de mieux, aux côtés de ses amis Françoiz Breut et Yann Tiersen. Une chose est sûre : beaucoup de ceux qui affichaient une petite mine un peu déçue devant Tout sera comme avant retrouveront ici le sourire : on retourne aux sources, en faisant un petit clin d’oeil à Auguri.
L’ex-nantais s’est remis à ses amours d’enfance. La performance instrumentale – la guitare notamment -, mais aussi son entourage (des proches comme Dominique Brusson, qui sonorise ses concerts depuis 9 ans, ou Sacha Toorop et Olivier Mellano, qui l’accompagnent depuis des lustres) en témoignent. Ne dédaignant pas pour autant ses amours récents, Dominique A sort avec L’horizon un instantané de ce qu’il est aujourd’hui : un poète à l’écoute de soi, qui s’implique dans les aléas troublés de notre époque.
D’ailleurs, ne le chante-t-il pas lui-même, tout de go ? « Nous n’irons pas plus loin nous dit le capitaine« , une manière comme une autre de marquer une pause dans l’exploration – électronique entre autres – dont il a fait preuve récemment. Une façon de d’abord faire le point, se remettre en question, revenir à l’essentiel. La guitare sèche qui l’accompagne rappelle les meilleurs moments de sa carrière passée.
« Dans un camion » et « La relève » rappellent avec leurs trompettes l’ambiance d’Auguri (surtout si vous louchez sur « Antaimoro ») et de toute la clique Calexico. Françoiz Breut, que « Rouvrir » évoque irrémédiablement, autant pour l’ambiance que pour les paroles, est elle-aussi toujours dans l’ombre. Normal, direz-vous, ne participe-t-il pas à l’écriture de chacun des albums de son ancienne compagne ? On tourne toujours en rond avec les bretons/vendéens installés à Bruxelles, ça finit par donner le tournis, mais on sait qu’avec eux, comme un chat, on retombera toujours sur ses pattes. C’est rassurant. Même « Retour au quartier lointain » fait partie de cet univers pointilliste, auquel des interférences calculées viennent apporter un semblant de déséquilibre. Le voilà, le mot qui vient à l’esprit à l’écoute de ce disque : équilibre. Equilibre, chez Dominique A, entre ce qu’il est et ce qu’il a été, entre l’univers jazz et classique, entre la mélancolie et le bonheur. Oui, la vie est un succédané de choses absurdes qui prennent sens…
Sur un air de nostalgie au piano, l’album se clôt par un « Adieu, Alma » en toute finesse. On est content que Dominique A soit toujours aussi exigent avec lui-même.
– Le site de Dominique A
– Lire la chronique de son concert à Nice