Que nous promet cette histoire d’O ? Serait-ce un album érotique qui va vous transformer en esclave de la maîtresse Vanessa ou serait-ce le « O » signifiant « zéro pointé » ?
A la lecture de la biographie accompagnant ce disque, il flotte l’impression qu’on s’est joué de nous en nous noyant dans une avalanche de références imaginaires destinées à apporter du crédit à une cause perdue d’avance.
Sortie de nulle part, Vanessa Contenay-Quiñones aurait fait ses classes dans la musique électronique en enregistrant un morceau avec A Guy Called Gerald et en bricolant un remix pour The B52’s. Ensuite, elle aurait appris la guitare et, on ne sait pas trop comment, Lou Reed l’aurait remarquée et invitée à enregistrer une nouvelle version de « Sunday Morning ». L’auteur de « Perfect Day » aurait été jusqu’à lui confier qu’elle était la première chanteuse après Nico à s’en être aussi bien sortie. La belle et son physique de pimbêche à la Brigitte Bardot serait plus tard partie en Suède et prêté sa voix sur l’album de A Camp, projet éphémère et anecdotique de Nina Persson, plus connue en tant que chanteuse des Cardigans. Là, elle aurait rencontré Niclas Frik, leader d’Atomic Swing et Anadreas Mattsson de Popsicle. Comme il manquait encore deux noms pour compléter son line-up, le trio aurait décidé de s’adjoindre les services du guitariste James Iha – qui visiblement ne savait plus trop quoi faire de ses deux mains depuis la séparation des Smashing Pumpkins – et de Pelle Gunnerfeldt, producteur des Hives et de The International Noise Conspiracy. Malgré un tel casting, qui en ferait rêver plus d’un, le groupe s’est senti encore obligé de se faire remarquer en passant par le concours des CQFD (Ceux Qu’il Faut Découvrir), chaperonné par les Inrockuptibles.
Au final, qu’est-ce que donne cette association improbable ? Vanessa’s and the O’s est le énième groupe qui essaie de ravir les nostalgiques d’une certaine idée de la chanson française, à l’époque où elle rimait, soit les débuts de Francoise Hardy ou Brigitte Bardot. On s’imagine sans peine regarder des scopitones mettant en images les morceaux de Vanessa and the O’s. Un enchaînement d’arrangements limpides, de refrains entêtants sur lequel vient se glisser la voix faussement ingénue de la maîtresse des lieux, déclamant une poésie fleur bleue aux rimes faciles.
Le problème est qu’inévitablement on a l’impression d’avoir entendu ce disque mille fois. Et ce n’est pas le jeu en roue libre de James Iha, qui tente discrètement d’insuffler un semblant de modernité avec un son aérien plein de distorsions pourries, qui va changer la donne.
Non, si on veut apprécier ce disque à sa juste valeur, il faut l’écouter comme un disque de Ween et y trouver une dimension parodique assumée. Sous cet angle d’attaque, Vanessa Contenay-Quiñones y interprète une mauvaise actrice surjouant la candeur en alternant français bête comme un chou, anglais à l’accent ridicule ou « la la la la » soi-disant langoureux. Les paroles revêtent alors un caractère comique absolument irrésistible. Comment garder son sérieux à l’écoute de (au hasard) « On s’enroulait sur les vagues de l’air / Nos visages si frais dans le vent / Je l’ai rencontré l’été 93 / On était comme les adolescents qui jouent aux jeux interdits » ?
On a hâte que le DVD en version karaoké sorte! On vous tiendra au courant.