Les Red Hot sont de retour avec un double album, vendu comme – enfin! – le digne succésseur de leur chef-d’oeuvre BloodSugarSexMagik. Les amateurs de Frusciante apprécieront.


Red Hot Chili Peppers. Plus besoin de les présenter. Si ? Allez, petit rappel : Voici le groupe par excellence on the borderline (whatever the f*** that means) qui , grâce à un slow (« Under the bridge »), a raflé la mise en 91/92. En d’autres termes, le genre de formation qui permet à d’aucuns de garder espoir et dire : non, dans le music business, ce ne sont pas que des pourris qui ont tout pensé de A à Z…

Porté par un chanteur rigolo (Anthony Kiedis) qui se fait volontiers clown et un tandem à la rythmique spectaculaire (le timbré Flea à la basse et l’effacé mais efficace Chad Smith à la batterie), les Red Hot resteront probablement dans l’histoire du rock comme un groupe loufoque. On peut même avancer que les Red Hot – il n’y a plus grand monde qui s’amuse à lire la totalité de l’intitulé – sont devenus les pionniers du funk métal par excellence, et ont même ouvert la voie avec Faith No More à toute une floppée de groupes comme Rage Against the Machine, Living Colour, etc…. Tous ou presque disparus d’ailleurs…

Aperçu dans la lucarne people des magazines populaires pour sa provocation bon enfant, rappelez-vous de la photo des quatre gaillards vêtus d’une bête chaussette en guise de cache-sexe, singeant la pochette d’Abbey Road… Les écarts toxico de son guitariste virtuose John Frusciante, écorché vif, fils spirituel à la fois d’Hendrix et de Page, ont aussi fait les choux-gras de la presse musicale.

Depuis le grandiose BloodSugarSexMagik en 1991, les Red Hot ont vendu des disques par camions entiers, mais ont aussi, en partie à cause de l’absence plus que remarquée de Frusciante (remplacé un temps par Dave Navarro (Jane’s Addiction), déçu nombreux de leurs fans et écopé des critiques pas toujours élogieuses, regrettant les temps passés. Cela a donné One Hot Minute pour la période Navarro, Californication et By the way depuis le retour de l’enfant prodigue. Les premiers ne sont pas les meilleurs de leur discographie, et le troisième est très décevant.

A cet égard, pas étonnant que le slogan publicitaire de Stadium Arcadium soit une sorte de retour aux sources, « enfin digne successeur » de la bonne époque BloodSugarSexMagik, voire celle qui précède. Petit aparté pour écarter d’un revers de main les critiques faciles : oui, la pochette est ignoble. Difficile de faire pire. La production revient au CDI (contrat à durée indéterminée) Rick Rubin, cinquième membre du groupe pourrait-on dire, dont la réputation n’est plus à faire. Et le reste ? 28 chansons, 2 CD, presque deux heures de Red Hot : wouah ! Les mordus du groupe ont de quoi se lécher les babines avant de goûter aux plats proposés par ce menu alléchant et prometteur.

Les soli de Frusciante sont encore une fois à se pâmer (« Torture me », « She looks to me »), et son chant plus présent que jamais (« Strip my mind », « Make you feel better »). Cerise sur le gâteau, son pote Omar Rodriguez (The Mars Volta) vient faire un petit coucou sur « Especially in Michigan ».

Les titres enlevés ayant assis la réputation du groupe se retrouvent constitués des ingrédients qui firent jadis leur succès. « Charlie », « Hump de Bump », « Warlocks », « Readymade », « Make you Feel Better », « Storm in a teacup », « Turn it again » etc… : ça défile, avec des riffs épicés très funky, un phrasé typique, des guitares acérées. Mars notamment, deuxième volet de ce double album, remplit bel et bien le cahier des charges de l’entreprise californienne. Le groupe met en avant des manières de faire pop aux refrains joyeux et bigarrés qui font mouche (avec voix fluettes en veux-tu en voilà), et ce avec un lyrisme traduisant la maturité des quarantenaires qu’ils sont tous (« Slow cheetah », « Wet sand »). Enfin, le psychédélisme des années 60/70 est présent un peu partout, tel un jeu de parcours. Tout ceci rappelle plusieurs titres – les meilleurs – des albums précédents – les meilleurs. Le groupe semble avoir retrouvé le tour de main qui a fait sa gloire, la sagesse en sus.

Mais – on le répète – ce sont surtout les amateurs de John Frusciante (il y en a pas mal, même chez Pinkushion) qui seront ravis, tant son coup de gratte se retrouve un peu partout. A voir les six CD qu’il a sortis en solo en 2004/2005, on se dit qu’il tient une forme plus qu’olympique, créant encore et encore pour le plus grand plaisir de nos oreilles. On boit du petit lait. Un album qui se déguste sans modération !

– Le site des Red Hot