Paul Simon revient avec un album qui porte bien son nom puisqu’on ne s’attendait pas à le voir collaborer avec Brian Eno.
Il est difficile de classer Paul Simon depuis qu’il ne chantonne plus dans des stades (si, si, il n’y a pas que U2) avec son ex-pote Art Garfunkel. A l’instar de Peter Gabriel, le bonhomme s’intéresse aux musiques du monde et pond, parmi une discographie qui force le respect, deux albums excellents qui feront date : Graceland et The Rythm of the saints, respectivement inspirés de l’Afrique du Sud et du Brésil. Passé ensuite dans le monde de la comédie musicale avec The Capeman, Paul Simon connaît son premier retentissant échec – malgré la présence à l’affiche de Ruben Blades – lui qui doit avoir des disques d’or et de platine à la pelle.You’re the one en 2000 s’éloignait des deux précédents albums (qui font du coup figure d’apartés) pour explorer le folk, premier amour du natif de Queens.
Surprise l’est en effet, puisque c’est Brian Eno qui est venu jouer les sorciers. Ce disque, qui s’appréhende difficilement, fait en quelque sorte le tour de toutes les facettes du chanteur dans un décorum inédit. Effectivement, l’électronique fait une entrée royale dans l’univers de Paul Simon (chose qui sur papier pouvait laisser dubitatif). « Another Galaxy » par exemple (un des trois titres co-écrits avec Eno) a véritablement écopé de ce que la pochette appelle sonic landscape, donnant un petit côté U2esque à la guitare. « That’s me » est sans doute le meilleur titre de la galette, arrivant à allier de façon parfaite l’électronique aux guitares acoustiques et à la voix tout en douceur de Paul Simon.
« Sure don’t feel like love », qui sonne comme du Peter Gabriel tout craché, se permet même une incartade humoristique pince-sans-rire comme déjà aperçue sur le clip de « You can call me Al » avec Chevy Chase en 86, puisqu’il y chante : «who’s that conscience sticking on the sole of my shoe», renvoyant au « Diamonds on a the sole of our shoes » de… Graceland.
La chorale sur « Wartime prayers », les percussions sur « Sure don’t feel like love », les riffs afro-funky sur « Beautiful » : toutes les époques sont représentées. Côté paroles, « Outrageous », « Wartime parayers », « I don’t believe » ou « How can you live in the northeast ? » vous donnent probablement une idée de ce qui l’a inspiré : George W. Bush (encore ? oui, ne manquent plus que Mickey et Donald…), et plus généralement la place de plus en plus grande que tiennent les religions, toutes les religions : «If the answer is infinite light, why do we sleep in the dark ?»
Mais pour lui, il y a bien sûr une lumière, comme « Father and daughter » (titre tiré de la bande-son du film du même nom) en témoigne, véritable déclaration d’amour à sa fille : «There could never be a father who loved his daughter more than I love you».
– Le site de Paul Simon