Musicien humble et rare, Bennie Maupin n’a enregistré sous son nom que quatre disques en quarante ans de carrière. Présence fugace d’un saxophoniste qui a joué avec les plus grands (Miles Davis, Herbie Hancock, McCoy Tyner, Sonny Rollins, Andrew Hill,…), mais qui semble pourtant plus enclin à côtoyer l’ombre et le mystère que la lumière des projecteurs. Ce retour en état de grâce, avec le bien nommé Penumbra, s’avère d’autant plus passionnant que Maupin a composé l’essentiel des titres et opté pour un tout-acoustique épuré et sensoriel, à cent lieux de l’électricité davisienne du célèbre Bitches Brew. Chaque thème de Penumbra se développe de manière elliptique, avec une économie et une réserve nullement péjoratives, qui visent au contraire à dilater le temps et l’espace pour plonger l’auditeur au coeur de textures contrastées et apaisantes, dans une sorte de dimension sonore méditative. Souvent à l’unisson, Maupin (aussi à la clarinette basse, à la flûte alto et au piano) et Darek Oleszkiewicz (basse) élaborent des motifs délicats que Michael Stephans (percussions) et Daryl Munyungo Jackson (batterie) viennent ensuite décorer de mille détails, avec un souci commun de l’improvisation qui n’altère en rien la précieuse fluidité d’un Ensemble déjà incontournable.
– Le site de Cryptogramophone.
– Le site de Orkhêstra.