Chonique annoncée de la mort de Primal Scream ? ça en a tout l’air, oui.
C’est avec une impatience non dissimulée que l’on attendait ce nouvel opus de Primal Scream. Au moins pour deux raisons. En effet, depuis Screamadelica, et Vanishing point ce groupe, avec Xtrmntr et Evil Heat, a prouvé qu’il savait innover et mener la barque de l’electro-punk-trash à bon port (après avoir joué dans la cour Madchester/acid house). Groupe à suivre donc pour commencer, quoi qu’il advienne. Ensuite, il se murmure ici et là que le groupe se serait retourné vers le passé, afin de marquer une pause, et de rendre aux Rolling Stones la couronne qui leur revient.
Il est des souvenirs impérissables en la matière. « Medication », issu de Vanishing point, pointait déjà clairement l’ombre des Rolling Stones. Etonné, on ne le sera donc point. Et puis on surfe en plein revival rock, donc… Avouez aussi que la pochette est superbe, et devrait à ce titre figurer dans un best of.
On aurait pu longtemps épiloguer sur la suite qu’allait donner la bande à Gillespie à Evil Heat, tant le cul-de-sac semblait évident. En effet, comment encore tordre le linge quand tout le jus en a été extrait ? Le retour aux sources s’imposait donc. Dans tous les sens du terme. Kate Moss ne vient plus montrer son minois… Elle a d’autres chats à fouetter. C’est Wil Seargent (Echo & the bunnymen) ou Warren Ellis (Bad seeds de Nick Cave) qui sont sur la guest list. Sur papier, on y perd de visu mais on y gagne en musicalité.
On a donc rangé au placard les laptops et autres synthés (mis à part le Moog), pour sortir les guitares rutilantes, l’harmonica et l’orgue. Le résultat rappellera la bande à Jagger, jusque dans ses gimmicks les plus appuyés. Mais – car il y a un mais – malheureusement, on n’arrive point à dépasser le maître. On se met plutôt souvent à penser à d’autres plagiaires talentueux du genre les Black Crowes, qui eux ont viré avec plus ou moins de succès vers Led Zep.
En fait, l’histoire du groupe procure les mêmes effets que l’alcool et ses abus. Les premiers verres sont absolument géniaux. Dès Vanishing Point, on commence à avoir la tête qui tourne, mais c’est très agréable. Ensuite, avec Xtrmntr et Evil heat on va vers les excès de toutes sortes du type à poil sur la piste de dance and co (avec Kate Moss!). Enfin, Riot City blues fait office de lendemain de la veille : ouille, ouille, le mal de tête… Restent ici et là de bons souvenirs (le très psychédélique « Little death », « When the bomb drops » ou le guilleret « We’re gonna boogie »), mais c’est surtout les vomissements et autres casse-têtes nauséabonds in ze head (les trois premiers titres notamment) qui dominent. « Sometimes I feel so lonely » clôt bien la chose, au propre comme au figuré : on ne nous y reprendra plus, promis!
L’album déçoit et ne mérite pas qu’on s’y attarde. On se fait du coup quelques soucis sur la capacité qu’ils auront à donner une suite à tout ça…