Profitons de la riche actualité du prolifique contrebassiste William Parker, pour glisser quelques lignes sur ce Luc’s Lantern, sorti l’année dernière outre-atlantique mais qu’Orkhêstra a eu la bonne idée de distribuer chez nous au mois d’avril. D’autant plus que cet album est de nouveau une remarquable réussite, qui montre que Parker peut varier à loisir les formats orchestraux et les registres sans perdre cette inspiration flexible à tous les courants musicaux dont se parent, sans superflu, les plus grands jazzmen. En trio – sans doute la formule qu’il affectionne le plus -, avec Eri Yamamoto au piano et Michael Thompson à la batterie, Parker décline des thèmes plus ouvertement accessibles et traditionnels qu’à l’accoutumée. Toutefois, nulles traces de concessions paresseuses ou de passéisme nostalgique. Si le groove est fluide et les mélodies naturelles, rigueur, exigence et spontanéité sont bien de mise sur chaque morceau. Que l’on ne s’y trompe pas : Parker et ses musiciens regardent devant eux (les morceaux faussement attrayants se dérobent souvent pour s’aventurer en des domaines plus abstraits), et s’ils jettent parfois un coup d’oeil attentif dans le rétroviseur, c’est surtout pour rendre hommage à Jaki Byard et Bud Powell, deux défunts pianistes qui ont joué avec Charles Mingus. Evoquer ici la présence de l’immense Mingus n’est d’ailleurs pas anodin, tant Parker semble être en mesure d’occuper dans le jazz contemporain cette place autrefois ravie par l’illustre contrebassiste.
– Le site de Orkhêstra.