La 18ème édition du festival de Dour s’est à nouveau vue couronner de la mention « soldout ». Dans de telles conditions, les organisateurs respectent l’adage « Never change a winning team » à la lettre et tous les défauts rendant Dour détestable étaient encore présents cette année. Heureusement, il reste toujours la musique et cette ambiance hors-la-loi sans commune mesure qui doit vraiment être vécue une fois dans sa vie.
Avec 128 000 spectateurs en 4 jours, Dour se rapproche doucement, mais sûrement, des chiffres de fréquentation du Pukkelpop, deuxième plus gros festival Belge. Si sa programmation éclectique y est pour quelque chose, Dour doit surtout son succès à son prix démocratique et son laxisme légendaire qui vous permettra d’adopter un comportement souvent répréhensible au nez et à la barbe des policiers. Dour, c’est 4 jours de déconnexion totale sur fond de décibels en tous genres. La réalité du monde et ses conflits israélo-libanais vous sembleront bien loin. Hélas, vu qu’une majeure partie du public a une perception altérée ne lui permettant pas d’avoir une vision très critique, les organisateurs se permettent beaucoup de choses. Le site est des plus crasseux et certains endroits feraient passer des camps de réfugiés pour des hôtels 4 étoiles. Last but not least, le son est souvent approximatif, voire carrément crapuleux (l’un de nous partira d’ailleurs par deux fois avant l’heure prévue pour cette raison). C’est dommage, car la programmation pharaonique de Dour est unique en son genre. Tous les styles s’entrechoquent et s’il ne fallait pas les écouter dans des conditions aussi extrêmes, Dour pourrait devenir un festival encore plus fédérateur que le festival Couleur Café.
Cependant, ces regrets d’amoureux de la musique que nous sommes sont sans doute loin d’être partagés par la majorité du public. Celui-ci est surtout composé de gens venus à Dour pour se plonger dans un univers sans interdits et offert aux pulsions les plus diverses. Ceci explique certainement la paradoxale aisance avec laquelle on trouve une place confortable sur les devants des scènes tandis qu’à l’arrière se massent des curieux venus butiner au gré de leurs errances quelques morceaux de bruits avant de changer de crèmerie. Aussi, il ne sont pas rares les concerts où quelques inconnus du public (dont les références du programme ou le bouche à oreille n’ont sans doute pas assez vanté les obscurs mérites) prestent devant à peine quelques centaines de curieux. Dès lors, est-il surprenant que face à un tel public, qui semble se satisfaire de sa seule présence à l’évènement, Dour reporte d’année en année les mêmes tares ?
Jeudi 13 Juillet
Le festival a déjà débuté depuis quelques heures et l’on démarre avec une sacrée bonne surprise. Mené par Eddie Argos, un dandy à l’humour ravageur et l’accent pas possible, le quintette Art Brut séduit par son enthousiasme juvénile. On l’a déjà dit plusieurs fois, mais Art Brut est vraiment ce qu’on a fait de mieux dans l’ère post-Franz Ferdinand. Leur premier album, Bang Bang Rock & Roll, ressort accompagné de 10 titres bonus (faces B et live). On vous encourage vivement à l’acheter. Par contre, vu l’actualité, leur promesse We’re gonna be the band that makes Israel and Palestine get along tient encore malheureusement de l’utopie. « My little brother » est quant à lui toujours aussi tripant.
Les français de Poni Hoax, que nous avons interviewés quelques heures auparavant, suivent. Leur electro-rock luxuriant et décadent est parfaitement maîtrisé. Nicolas Ker, le chanteur, a une des meilleures voix du rock français. Hélas, le chapiteau dans lequel ils jouent est désert et on sent très rapidement que Poni Hoax se demande ce qu’il fout là. C’est malheureux, car leur musique est diablement efficace, a tout le potentiel pour devenir une prochaine « hype » et aurait mérité une audience.
On va vite jeter un oeil sur Infadels qui fait le set qu’il faut pour enflammer le public de la grande scène. Il reproduit fidèlement leur rock pour dance-floor, mais à l’image de leurs tenues de scène et leurs amplis soi-disant kitsch abusant du rose sur fond noir, cela reste bien trop calculé et lisse pour paraître honnête.
Quelques heures plus tard, Primal Scream joue sa caricature de rock star anglaise. Bobby Gillepsie ne bouge que quand il doit chanter. Le son est infâme et on s’amuse à essayer de deviner quel est le morceau qui est joué. Dans de telles conditions, les rouleurs compresseurs que devraient être « Kowalski » et « Swatiska Eyes » font l’effet d’un paquet de frites trop grasses. C’est toujours navrant de voir un groupe aussi influent être arrogant.
Plus loin, dans le chapiteau « Dance Hall » qui déborde de toute part, Elen Allien et Miss Kittin font élalage de tout leur talent aux platines. Ces DJ sets sont vraiment au-dessus du lot.
Vendredi 14 Juillet
Certains membres de la rédaction essayent déjà d’effacer les traces des excès de la veille et profitent du set de Zita Swoon pour refaire le plein d’énergie. Comme la semaine auparavant au festival Les Ardentes, la bonne humeur de Stef et des pétillantes soeurs Glijsels (elles ne sont que deux aujourd’hui, la troisième tournant avec Arsenal nous aura-t-il confié en interview) prouvent encore une fois la place de choix qu’ils occupent dans les festivals.
Dans le chapiteau champêtrement nommé « La petite maison dans la prairie », le dub hypnotique de Brain Damage puis celui plus technoïde de High Tone démontrent que les sonorités reggae peuvent évoluer sur des voies plus expérimentales et énergiques, tout en confirmant qu’il y a décidemment des musiques qui se fument et que la France n’a dans ce domaine aucune leçon à recevoir.
Arrive Mike Patton et son projet tout frais tout pop qu’est Peeping Tom. Très entouré (guitariste, basse, claviers, batterie, scratcheur asiatique – qui nous fera un beau petit mix comprenant entre autres le riff ravageur de « Bulls on parade » de Rage against the machine – et sampleur/programmeur Dan the Automator. Une choriste, la chanteuse/violoniste Imani Coppola (rien à voir avec la famille de cinéastes) se charge des parties chantées les plus aiguës. C’est une grosse déception de ce côté-là, car l’aspect soul de la voix de Patton est – du coup – plutôt aux abonnés absents. Ce n’est pas qu’elle chante mal, mais enfin, c’est Patton qu’on veut entendre, non ? Il en va de même pour Rahzel (human beat box, ex-The Roots) qui ne se fera que timidement entendre – deviner devrait-on dire – tant les ingénieurs du son ne lui ont laissé que des miettes d’espace sonore… Le show tient plutôt bien la route, surtout sachant qu’il s’agit du premier concert pour la formation ainsi réunie. Les années sont passées sur Mike Patton aussi (eh oui !), et le bonhomme ne fait plus le fou/scato comme du temps de feu Faith No More, même s’il se débrouille encore bien. On est cependant content de le voir aussi souriant, et enfin donner un spectacle digne du genre plutôt qu’un brouhaha derrière une mine concentrée comme chez Fantômas. C’est le tube « Sucker », initialement interprété avec Norah Jones, qui clôture le concert. Une entrevue était demandée, mais les gros médias auront eu ce privilège avant les webzines, délaissés, alors que nous contribuons à l’archivage universel et gratuit des interviews…
Ensuite, malgré un son toujours à la limite du larsen, c’est Mercury Rev qui confirme son niveau d’excellence sur scène. Le très maniéré Jonathan Donahue (« pédé comme un phoque » entendra-t-on dans le public (sic)) assure à merveille son statut de chef d’orchestre. Sur scène, le rock progressif de Mercury Rev prend des couleurs flamboyantes et est joué avec classe et talent. Pour beaucoup, ce concert restera comme le grand moment musical du festival tant, pour une fois, la prestation fut à la hauteur des espérances.
Entre les deux, on aura jeté un oeil amusé sur Within Temptation, du rock gothique pour ondes FM mené par une chanteuse aussi grinçante que Céline Dion et consorts. Le set est rehaussé par un décor en carton-pâte digne du Choc des Titans.
Fischerspooner clôt le programme plein air. Sur scène, Fischerspooner doit beaucoup à Ziggy Stadurst, et livre un show haut en couleur où le chanteur – très années 80 – change de costumes systématiquement. Deux danseuses mûres pour l’Eurovison complètent le décor. Malheureusement, le groupe ne cesse de se plaindre de problèmes techniques – pourtant imperceptibles du point de vue du public – et le set ne décolle jamais. Pas de Pukkelpop bis donc. Dommage.
Samedi 15 Juillet
Ceux de la rédaction qui dorment sur place commencent vraiment à sentir qu’ils ont déjà deux jours dans les jambes. On est d’ailleurs tout content de profiter des canapés de l’espace presse pour retrouver un zeste de confort. Sur le site, il faut commencer à enjamber les gens comateux ou carrément endormis au milieu du public (et ce, même s’il y a un concert qui se joue). La poussière devient saharienne et ruine en quelques secondes les optimismes de proprété que quelques naïfs ou naïves carressaient encore.
Un pain kefta plus tard, on entend au loin Anita Lixel qui joue sa version belge de Kylie Minogue dans le « Dance Hall ». On apprendra plus tard d’un confrère d’un webzine concurrent qu’Anita Lixel est en fait une autralienne vivant à Bruxelles. La comparaison s’impose donc d’autant plus.
Le temps de quelques gorgées de pastis tiède et Eagle*Seagull monte sur la scène de La petite maison dans la prairie. On attendait beaucoup de cette synthèse parfaite entre Arcade Fire, The Dears, Bright Eyes, Grandaddy, Pavement… on en passe et des meilleurs. Dire que c’est une déception relève de l’euphémisme. Le groupe tourne en formule réduite (ils sont 2 au lieu de 6) et la musique d’Eagle*Seagull sonne comme un insipide unplugged ne laissant pas entrevoir une once du potentiel énorme du groupe.
Ms. John Soda suit et confirme qu’il serait temps que le label Morr Music change son cahier des charges. Tous les groupes issus de la maison de disques allemande déversent cette même electro-pop mélancolique qui semble toujours avoir été composée par les frères Acher (The Notwist, 13 & God) durant leur temps libre. Bref, dire qu’on est lassés relève de la litote. Mais pendant ce temps, sous la Dance Hall, les Français de Colder réveillent efficacement les souvenirs new wave de Joy Division et And Also The Trees. Ils proposent – enfin, serait-on tenté de dire – un set agréable à l’écoute et parfaitement maîtrisé.
Véritable survivant de la vague grunge, Mudhoney confirme son bon état de santé, mais signe une prestation rock’n’roll tellement sans surprises qu’on ne peut s’empêcher de penser que nos ex-grungers appartiennent définitivement au passé. Pourtant Under a Billion Suns, leur dernier album, vaut définitivement plus qu’une écoute.
Bien plus tard, le temps qu’on récupère un peu, An Pierlé & White Velvet prouvent qu’à l’instar de Zita Swoon la veille, ils ont bien mérité une place de choix dans les festivals. White Velvet joue admirablement sa musique sentant bon la country, le folk et le rock. Le public ne répond hélas pas vraiment. S’il y a du monde devant la deuxième grande scène, l’accueil à la belle An reste très timide.
Juste après, Troy Von Balthazar monte sur la scène de La Petite Maison dans la prairie. On l’avait vu aux dernières Nuits Botanique et on était sortis plus qu’enthousiasmés. Seul, accompagné de sa guitare et d’un sampler, il joue son rock indé qu’il illumine par son ton décalé et ses moments de folie passagère durant lesquels il s’amuse à faire des pirouettes. Le set perd en efficacité lorsqu’il est rejoint par une guitariste et un batteur. Là, on sent Troy bridé dans sa créativité et sa musique s’avère moins originale.
Quelques bières et un cornet de pâtes plus loin, Punish Yourself prend d’assaut la scène de la Eastpack Stage (ceci n’est pas une pub). Les français nous font regretter de ne pas avoir fait plus de détours par ce chapiteau. Signalons au passage que les organisateurs ont eu l’étrange idée d’y placer un plancher alors que cette scène est dédiée aux groupes les plus hargneux. Le résultat ne s’est pas fait attendre et on ne comptait plus les endroits où il était périlleux de poser ses baskets. Punish Yourself pratique une musique industrielle qui doit beaucoup au « March of the pigs » de Nine Inch Nails. C’est dévastateur et binaire. On ne sait pas trop si les membres du groupe comprennent ce qu’ils jouent. Le plus amusant est qu’ils livrent cette musique « perce-tympans » grimmés ou momifiés et armés d’une scie circulaire. Ce show grand-guignol donne une allure de cirque trash au chapiteau. Vivement le DVD !
Après ce rouleau compresseur, Archive entérine leur arrêt de mort sur la deuxième grande scène. En plus de ne jamais avoir su renouveler leur son Pink Floydien apparu avec You All Look the Same to Me, le groupe n’est toujours pas parvenu à remplacer Craig Walker, son chanteur qui l’a quitté durant la tournée qui suivit Noise. Les remplaçants font peine à voir et donnent l’impression d’être des recalés de La Nouvelle Star. La musique se dilue dans un psychédélisme soporifique dont l’unique avantage est de ne pas déranger les conversations (« Tiens, en fait ils jouent là ? »).
Plus loin, Arab Strap nous livre son rock mélancolique et torturé. Le set commence vraiment bien et rappelle les grandes heures de la noisy-pop anglaise. La voix grave et chaude de Aidan Moffat est fabuleuse et enterre allègrement celle de Stuart A. Staples. Hélas, la prestation perd rapidement son rythme et les morceaux plus calmes prennent de plus en plus de place. A 3 heures du matin, cela ne pardonne pas. Le groupe termine avec une reprise calamiteuse d’un hit de Bonnie Tyler. Il est temps d’aller dormir pour se préparer à la dernière journée.
Dimanche 16 Juillet
Le dernier jour de Dour a toujours un côté post-apocalyptique. Le nuage de poussière généré par les pas des milliers de festivaliers sur la terre de la Plaine de la Machine à Feu (nom du site sur lequel est organisé le festival) lui donne une allure de Tchernobyl et l’air est réellement irrespirable. Malgré les efforts des organisateurs pour nettoyer le site durant les maigres 5 heures de temps mort qu’offrent les horaires du festival, il règne une odeur pestilentielle à de multiples endroits du site et il faut avoir une sacrée dose de motivation pour utiliser les toilettes officielles du festival, tellement elles dégagent une odeur de charnier. Dans ces conditions, on est vraiment pas surpris de voir certains arpenter le site à l’aide de masques anti-poussière.
Mais cela n’a pas empêché notre vaillante équipe d’envoyés spéciaux d’assister à des concerts, et après une rapide oeillade du côté des brouillons Constantines qui jouent dans un sauna intenable, c’est sur la grande scène, sous un soleil de plomb et une chaleur de boeuf que l’on attend de pied ferme Hermano, l’autre partie de Kyuss (dont le chanteur John Garcia) qui ne connaît pas le succès des Queens of the Stone Age. Exploitant pourtant la même fibre, à savoir le stone ou desert rock, le groupe offre un set très vif et bourré d’énergie. Le guitariste, David Angstrom, se lance dans des soli éblouissants, tout en grimaçant comme un cowboy texan de pure souche. Doté d’un humour titillant : « You want us to play a Kyuss song ? » – le public, en choeur : « Ouais »; « We won’t do any! ah ah ah! » -, le chanteur lâchera sa grande tignasse avant de partir, tout sourire, sur I’m an « Angry american » (rapport à un autre cowboy pure souche au pouvoir chez lui…). A noter aussi les très bons titres exécutés en compagnie d’une chanteuse à la voix de velours (qui ? mystère et boule de gomme).
Plus loin, dans la Petite maison dans la prairie, Nervous Cabaret continue à faire monter la température avec son rock barré suintant la sueur par tous les pores et rythmé par un duo de cuivres infernal et une rythmique des plus tribales. On les avait déjà vus aux Ardentes, la semaine auparavant, et maintenant, c’est officiel: on est fan !
Sur la grande scène, à presque la même heure que Mudhoney la veille, Les Wampas produisent le même effet. Le groupe balance un set efficace et sans surprises juste apte à intéresser les nostalgiques de l’époque où être punk en France voulait dire quelque chose.
Quelques bières et rencontres plus tard, c’est devant les japonais de Mono que l’on inspecte où en est le post-rock. Quelqu’un lâchera « ils feraient mieux de retourner dans la chaîne d’assemblage des magnétoscopes Panasonic!« . Méchant et réducteur, le commentaire n’en est pas pour autant totalement faux. En effet, force est de constater qu’avec les Godspeed You! Black Emperor, tout a été dit déjà, et que les canadiens, par leur énorme ambition, ont tué dans l’oeuf tout un mouvement musical. Et hop, on reprend une bière histoire de récompenser son cerveau pour ses analyses pas piquées des hannetons !
On regarde vite Gravenhurst dans le chapiteau situé en face de celui où se produit Mono. Ces anglais signés sur Warp sont à ranger dans les bacs des nostalgiques de My Bloody Valentine et Spacemen 3. Ils sont timides et peu communicatifs et peinent à nous captiver.
On repasse à l’eau, de peur qu’avec le soleil la gueule de bois ne fasse sa redoutée visite en avance sur le programme – chargé – de la journée. On file vers la grande scène où les trois Nada Surf, très sympas, livrent des morceaux instantanés. Mais les voir en concert sous le soleil tient plus de la folie que du plaisir : pas grand-chose de neuf à voir, ni à entendre d’ailleurs. Si, plutôt pas mal l’idée de mettre des miroirs de route sur scène. Sympa bis ! Et puis le chanteur, qu’est-ce qu’y cause bien le français hein !
On se dirige vers la deuxième grande scène pour se dodeliner sur du reggae, car le fils de Peter Tosh y livre un petit set avec le même band qui accompagne un vieux de la vieille, Luciano. Andrew Tosh livrera dès un « Hot Hot Hot » à propos, un – court – show excellentissime, avec son pétard en main et ses tours de passe-passe en vélo unijambiste.
Plus loin, dans le chapiteau « Club Circuit », une très bonne surprise nous attend avec The Brakes, qui livrent des chansons comme on sert des sushis – certains titres ne dépassant pas les… 10 secondes. Les morceaux sont souvent très courts, mais aussi très intenses. Première grosse découverte donc.
On continue dans le même chapiteau avec Two Gallants, un duo accompagné pour l’occasion d’une poupée cadavérique qui décorait l’espace presse jusque-là. Le groupe qualifie sa musique de « Pulk », à savoir un folk croisé avec la rage du punk. Il vit sa musique intensément et livre une prestation hypnotique qui met pas mal de gens d’accord. Le look et le jeu du batteur rappellent le Dave Grohl de l’époque Nirvana.
Adam Green suit et assume pleinement son statut de jeune trublion au physique ravageur rappelant celui de Jim Morrisson. Si son rock manque cruellement d’originalité, sa voix de crooner haut de gamme est exceptionnelle et son jeu de scène clownesque fait la différence. On sort de la prestation entièrement acquis à sa cause. De son côté, Bell Orchestre distille une musique d’ambiance agréable, à mi-chemin entre le post-rock de leurs compatriotes de Silver Mont Zion (période avant les choeurs) et les énergies jazz des Jaga Jazzist.
On prend une pose bien méritée et un pain kefta plus tard (c’est le maître achat du festival: 6 tickets et on n’a plus faim après), on se prend une bonne claque avec Animal Collective. Depuis leur tournée européenne durant l’automne 2005, le groupe a mûri et balance un set qui, par sa volonté d’imbriquer les morceaux comme une seule et unique pièce, rappelle les prestations de Godspeed You! Black Emperor. Le groupe alterne passages ambiants qui vous plongent dans un état extatique et moments plus envolés où les guitares se font aériennes et sonnent comme le My Bloody Valentine de la grande époque (on l’a déjà écrit, mais si ce groupe touchait de l’argent chaque fois qu’on le cite, Kevin Shields serait mort d’une overdose). La composante électronique, absente sur le dernier album, est de nouveau parfaitement intégrée. Le set se clôt par le chamanique « We Tigers » qui transforme le chapiteau en gigantesque tipi et le public en une tribu de sioux.
Après un tel tour de force, The Dandy Warhols jouent la tête d’affiche sur la grande scène. Presque toutes les scènes se sont arrêtées pour permettre aux Dandys d’attirer la grande foule. Ils n’en profitent pas et signent une des prestations les plus lamentables de tout le festival. Comme Archive la vieille, le groupe dilue sa musique dans un psychédélisme plus soporifique qu’hypnotique (ils devraient suivre des cours chez Animal Collective). Si c’était volontaire chez Archive, The Dandy Warhols semblent surtout être incapables d’élever le rythme tellement Courtney Taylor est défoncé. Il suffit de l’entendre parler péniblement entre les morceaux pour mesurer l’étendue du désastre. Pathétique !
Après une telle mascarade, And You Will Know Us By The Trail of Dead a la lourde responsabilité de terminer notre festival sur une note positive avec son post-rock grandilloquent. C’est raté, le son est informe et ne donne aucune chance aux spectateurs d’apprécier la prestation.
On s’apprête à mettre les voiles et on décide tout de même de faire un crochet par Nitzer Ebb qui nous plonge 20 ans en arrière. Le groupe nous sert une body music absolument pas réactualisée. Quelque part, si cela peut sonner désuet, cela a tout de même nettement plus de gueule que la soupe techno qu’est devenu Front 242. Allez, on a cette note positive qu’on n’attendait plus… A l’année prochaine Dour !
– Le site du Festival du Dour.
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