On prend – enfin – de plus en plus de plaisir à écouter cet album qui démontre un véritable talent derrière des revendications servies sur un plateau, de prime abord, repoussant.
Lorsque le disque de Peaches a aterri dans la boîte aux lettres de Pinkushion, je savais – oh que oui – que cet album était pour ma pomme. Ça m’apprendra à parler sexe à longueur de journée… En effet, rien à faire, ma poire semble être à même de chroniquer tous ces trucs bizarroïdes surfant sur les revendications aussi farfelues dans leur contenant que dans leur contenu.
Peaches donc. Ses premiers albums ont été tant et tant détestés ici que l’on n’attendait plus rien de cette Father Fucker canadienne, copine de Gonzales ou Feist. Sexuellement plus qu’explicite, la dame, féministe jusqu’à la moelle, défend son os avec une vigueur absolument incroyable. Très empruntée de cet esprit punk qui veut choquer, autant dans les gestes que dans les paroles, Merrill Nisker fait partie de ces persona non grata à ne surtout pas inviter si vous ne voulez pas vous brouiller avec la Haute. Par contre, dans le show biz, force est de constater qu’elle est ze star to know (de Björk à Deborah Harry, de LCD Soundsystem à Marilyn Manson, de Lil Kim à Kelis, de Madonna à Pink : tous se perdent en compliments pour elle).
Les premières écoutes de ce troisième opus surprennent. Non pas par leur propos, toujours aussi coloré, et ce dès l’intro « Fuck or Kill », avec ce Impeach my bush à double sens (bush est aussi la touffe – que l’on voit d’ailleurs à peine cachée sur la photo poster ornant le livret ouvert). Non, ce qui étonne c’est la production très soignée qui définit le décor sonore. Enregistré non pas à la va-vite dans un appart’ comme les précédents, cet album a bénéficié du soin d’un producteur (Mickey Petralia) et d’un studio en Californie (celui du batteur de Toto, Jeff Pecaro). Sa copine très-comme-il-faut Feist ainsi que Joan Jett font partie des invités de choix. Jusque là, rien de bien surprenant. C’est le côté très rock qui surprend chez cette adepte de l’electro punk. A ce propos, outre Josh Homme (Queens of the Stone Age), ce sont deux Eagles of death metal et Samantha Maloney (Hole, Courtney Love) qui sont venus donner une touche très rock à l’ensemble, chose qu’Iggy Pop, sur l’album précédent, n’avait pas apportée. A cet égard, « Give ‘er », « Do ya » ou « You love it » pourraient tout à fait figurer sur un album des Queens of the Stone Age ou des Death From above 1979. Les clins d’oeil sont aussi de la partie : «Lemmy showed me something» sur « Rock the Shoker ».
Ceci dit, sa véritable nature de chienne de garde est toujours bel et bien présente. En témoigne notamment la revendication de « Two guys (for every girl) » en réponse à toute l’imagerie imposée par l’industrie pornographique («just remember an ass is an ass ; Slapping your dicks all over the place, rubbin that shit all up in your face»). Comme pour illustrer ce titre, une photo de deux dames barbues en petite tenue affublées d’un sexe masculin orne l’intérieur du boîtier. On trouve également sur le banc des accusés le machisme primesautier sur « Tent in your pants ». Ou enfin le single « Downtown » («cuz i wanna take your downtown show you my thing») qui brille par des refrains très mélodieux. Par contre, sur beaucoup de titres, il ne faut pas se fier aux apparences. Par exemple « Slippery Dick » parle … de « just a fish in the atlantic » !
En somme, un mélange de titres brassant hip-hop, électro, punk et stone-rock qui a de la saveur. On imagine bien sa musique dans les club olé olé… On ne sait pas si l’idée lui plairait.
– Le site de Peaches