Il est loin le temps où Brad Mehldau incarnait une nouvelle icône du romantisme fiévreux et posait en couverture des Inrockuptibles. Depuis, ses disques ont été l’objet de critiques mitigées ou d’un silence coupable qui l’ont fait dégringoler de son piédestal, avant d’être, ces dernières années, de nouveau en odeur de sainteté. Mais, fort heureusement, la mode et ses incessants revirements n’ont pas affecté l’art du pianiste, qui a gagné au fil des années en finesse et intériorité ce qu’il a perdu en joliesse complaisante. A défaut d’être un musicien fondamentalement original (comme Bill Carrothers), Brad Mehldau est un virtuose doté d’une sensibilité musicale qui transcende à peu près tout ce qu’il joue. Un musicien éminemment doué qui sait de plus très bien s’entourer. Sur House On Hill, on le retrouve en trio – avec Jorge Rossy à la batterie et Larry Grenadier à la contrebasse -, celui-là même qui le fit connaître dans les années 90. Enregisté en 2002 (à l’exception d’un titre datant de 2005), on s’explique difficilement la sortie tardive de ce disque magistral, sorte de recueil posthume des dernières cessions studio dudit trio, Jorge Rossy ayant depuis décidé de quitter le groupe pour se consacrer au piano. Il est d’ailleurs à l’honneur sur cet album, conférant un swing prodigieux aux compositions de Mehldau (on notera cette fois-ci l’absence de reprises empruntées au répertoire pop-rock contemporain), usant avec inventivité des cymbales et de la matité des toms, afin de donner davantage de profondeur à des méandres mélodiques qui ne raviront pas seulement les oreilles averties.
– Le site de Brad Mehldau.