Lorsqu’un groupe français, qui se présentait comme l’alternative au dub électro, s’amuse sur le terrain de ses compatriotes anglosaxons, voici ce que ça donne. Et c’est pas mal du tout.


Pas besoin de jeter un coup d’oeil à la bio qui accompagne ce CD des angevins de Zenzile pour remarquer qu’ils ont changé quelque chose. Mais on s’en doutait déjà en zieutant sur la pochette et en remarquant surtout le « soundsystem » attaché à leur nom. Quoi ? Zenzile, les musiciens qui ont façonné le dub hexagonal en dub plus rock qu’électro auraient-ils succombé à la tentation (de facilité diront les mauvaises langues) ?

Non, rien de tout ça. En effet, ils n’ont pas – ou si peu – sorti leurs instruments de leurs étuis et ont plutôt privilégié les tables de mixage, les platines et les séquenceurs. Mais ce serait oublier leur acharnement légendaire que de croire qu’ils s’en seraient contentés.

Tout est ici choisi avec soin et enregistré avec méticulosité. Ils ont chipé des sonorités à tous les styles – classique compris, en invitant la cantatrice Loredana Lanciano – et cela bifurque généreusement vers les terres trip-hop.

Cette musique – et ne voyez pas dans ce qui suit quoi que ce soit de péjoratif – se prête allégrement à une humeur guillerette du type « je vais cuisiner un bon petit plat pour mes potes » (c’est en tout cas ce que j’ai fait pendant cet été ). La façon dont le groupe a bidouillé les machines est assez proche du coupage d’oignons et de l’épinçage des piments rouges. Ceci dit, comme tout bon disque de dub (car c’est tout de même de dub qu’il sagit – et non de daube), on peut aussi s’assoupir et se laisser aller au farniente. « Sanza soundscape » est parfait pour endormir un bébé et « Mille francs mille francs » , sorte d’hommage à l’Afrique – leur tournée en 98 au Mali a visiblement laissé des traces -, idéal pour une sieste crapuleuse, avant de s’emballer avec batterie et cuivres endiablés.

La basse est cela dit omniprésente sur « No wave » et sert de liant sur tout le disque. Le violoncelle de Vincent Gallo (un habitué de la maison angevine) est majestueux sur l’arabisant « Flying carpet » et clôture ainsi la galette. Un aspect très cinématographique domine pas mal de titres, dont le très emprunté au jazz « Mobylette démocratie », traversé par des sirènes, une flûte et des nappes de synthé planantes : on croirait entendre Krüder & Dorfmeister ! Et que dire de « Akiko », dont le chant en japonais de Carole Gola réveille les papilles gustatives pour du sashimi?

Enfin, last but not least, le bon vieux reggae, épuré de tout instrument in vivo, garde malgré ses artifices toute sa vigueur et trouve même un nouveau souffle avec « Faux semblant » , « President’s version » ou « Eight days of dub ». Et puis « Sketches of dub », ils auraient pu l’appeler “Chassez le naturel il revient au galop” tant ce titre rappelle leur dub rock.

En somme, que l’on cuisine ou pas, un très bon album pour passer l’été.

– Le site de Zenzile Sound System.