La première échappée en solitaire de Pharrell Williams prouve qu’il s’agit bel et bien d’un producteur hors pair. Mais point de surprise(s) à l’horizon…


Comme un gosse attend la glace qu’on lui promet depuis le matin, on attendait le premier album solo de Pharrell Williams, l’un des producteurs hip hop/R & B les plus respectés du milieu, comme une oasis à la fin d’une traversée du désert. On s’attendait à un mélange de ce qu’il a fait au sein des Neptunes et N.E.R.D mais aussi au gré de ses collaborations avec Snoop Dogg, Kanye West ou Gwen Stefani.

Le premier titre, le single avec Gwen Stefani, comprenant des samples de jazz absolument exquis, sans parler de la voix super sexy de la belle Gwen, est une très belle entrée en matière. Autre sommet de l’album, « Angel », sorte d’hommage à la grandeur de Curtis Mayfield, est un des meilleurs singles de l’année. « How Does It Feel ? » semble marcher sur les plates-bandes de Snoop Dogg, avec cette rythmique faite de Wou wou qui semble provenir de « Serial Killa » (d’une sirène de police pour être tout à fait précis). Il baragouine également un espagnol approximatif qui témoigne de la grande effervescence de la scène hispanique aux USA. « That Girl », avec Snoop Dogg, est sans surprise mais néanmoins plaisant. Prince semble avoir marqué Williams, tant « Young Girl », avec Jay Z, lui fait de l’oeil. « Number One », dernier single en date, co-écrit avec Kayne West, autre poids lourd de la scène black US, sort également du lot. « Show You How To Hustle », qui clôt le disque, laisse augurer un futur plus novateur, avec orientalisme à la clé. Avec ces quelques titres, on a déjà eu ce que l’on espérait, c’est à dire le mélange évoqué plus haut.

Malheureusement, pour le reste, on glisse du hip hop – pop – à de la R & B dégoulinante, et là, force est de reconnaître qu’on est déçu car ce n’est pas sur ce terrain-là qu’on l’attendait. On croirait entendre une resucée – pas mal foutue, là n’est pas la question – de la R & B qui passe sur MTV and co. On n’a rien contre cette musique dans les magasins de mode, voire dans les supermarchés. Mais ailleurs, après avoir observé et noté les prouesses du producteur qu’est avant tout Pharrell, on s’ennuie un peu.

Passée cette déception, on se consolera en écoutant la galette dans la cuisine, ou en passant l’aspirateur… tout en se disant que Pharrell est tout de même un sacré phénomène, qui, outre produire des singles à la pelle et amasser les disques d’or par camions entiers, a également lancé sa marque de mode… A quand son bouquin de cuisine et son champagne, histoire de remplacer la marque Cristal bannie par tout le milieu bling bling? Bref, un touche-à-tout à qui tout réussit. Même cet album solo, dont un mérite au moins – celui de mettre de bonne humeur sans se prendre la tête – peut être souligné.

– le site de Pharrell