Galvanisé par le succès critique et public de son précédent album, le magistral Illinois, Sufjan Stevens a décidé aussitôt de lui donner une suite avec un album-bonus composé de morceaux initialement écartés, puis finalement réenregistrés en studio et compilés pour l’occasion. The Avalanche résulte donc avant toute chose de circonstances favorables et se présente plutôt comme un opus mineur dans la discographie du musicien, ce qu’il est assurément. Trop proche dans la forme, comme dans le ton, de son imposant modèle, cet album peine en effet à convaincre de sa nécessité artistique sur la (trop longue) durée. Toutefois, il serait fort injuste de ne voir en The Avalanche qu’un succédané d’album dont l’opportunisme mercantile serait dissimulé derrière une prétendue noble opulence créative. Même facilité, forcé ou émoussé, le génie musical de Sufjan Stevens demeure incontestable. Le meilleur moyen d’appréhender ce disque, ni honteux, ni indispensable, est sans doute de le considérer, littéralement, comme un exercice de style ; c’est-à-dire l’occasion pour le musicien de mettre son style à l’épreuve, de puiser dans ses réserves et de l’épuiser (nous avec), de boucler une boucle et d’esquisser de nouvelles perspectives (d’arrangements de guitares et de cuivres notamment) qui trouveront un développement plus conséquent et convaincant lors du prochain véritable album.
– Le site de Asthmatic Kitty.