De l’électro brassée et tripatouillée au marteau-piqueur avec, en fond sonore, une ferme dans laquelle s’ébattent des acteurs porno. C’est un peu tout ça, Von Schirach.


Voici un exercice qui demande beaucoup de concentration : observez bien la pochette de ce disque et tentez de deviner le style musical dans lequel évolue Otto Von Schirach.

On donne sa langue au chat ? Alors, si je vous dis que le disque paraît sur le label Ipecac, maison fondée par Mike Patton, cela vous aide-t-il ?

Pas évident n’est-ce pas ? Vous vous dites probablement : ah oui, ça doit être du nimportawak, section hardcore, option mal de tête. Bien que vous n’ayez pas tout à fait tort (pour les moins ouverts d’esprit ;-)), vous n’avez pas tout à fait raison non plus. Disons qu’Otto Von Shirach est à l’électro ce que Fantômas est au rock, mais avec un plus indéniable. En effet, les titres, d’une longueur approximative de cinq minutes, suivent le modus operandi de l’électro, à savoir des boucles répétitives qui ont un avantage indéniable sur le fouillis de sieur Patton : bien que l’on passe aussi ici du coq à l’âne, et, pour tout vous dire, du cochon à … l’âne (no kidding), on reste sur le même fil conducteur. En gros, comme lors de cette attraction qui consiste à monter dans un wagon qui vous fait visiter tout un univers d’horreur, une surprise derrière chaque tournant… et bien, ici, on reste aussi sur les rails, quoi qu’il advienne. L’exercice n’en devient que plus plaisant et surtout moins éprouvant.

Les samples sont bien sûr l’ingrédient principal de ce mi-cubain mi-allemand, DJ et tripatouilleur de boîtes à rythme. Les titres drum & bass (« Trick Snitch », »Three billion electron volts ») sont franchement très réussis et dépassent largement ce que l’on nous vend comme étant de l’électro-trash-punk. La bio présente son style comme étant un mix d’Electro Bass Noise, Gore Grind, IDM Glitch, Calliope, Breakcore Gabber Jungle et de Gangsta Rap. On a déjà vu mieux comme méthode pour attirer les foules…

Le gaillard n’en est pas à son premier essai. A l’oeuvre depuis 98, surtout sous le nom d’El Santo, il compte à son actif huit ( !) albums (les pochettes valent le détour sur son site…) ainsi que des collaborations avec Skinny Puppy et Miss Kittin. Il s’est également illustré récemment dans la confection d’une libraire de sons d’instruments. De la démo comprenant 38 titres envoyée à Ipecac, Patton en retiendra 18 morceaux. A ce propos, on n’ose imaginer la qualité et la quantité de démos que doit recevoir le patron d’un des labels les plus zarbi qui soient…

Rien ne retient en tout cas Otto, tels les extraits pornographiques mélangés à une véritable ménagerie sur « Submarine Mammal Milk ». Tout au long de l’album, on sent également que les films fantastiques et d’épouvante ont largement inspiré et influencé le bonhomme. Et ce, depuis tout petit à en juger sa relecture de la Belle et la bête sur « Alligator Waltz », faisant se rencontrer des bruitages gastriques de monstre à des vocalises d’opéra.

Même si l’album est principalement électro, incluant même des morceaux méditatifs (« The seventh Juggler »), on a également droit à des plages virant vers le métal qui pourraient tout à fait sortir de chez Fantômas, comme « Strawberry Phlegm Salad ».

Enfin, il est assez cocasse de noter que son nom évoque un certain super menteur.

– Le site de Otto von Schirach