Le monde musical contemporain est relativement prévisible. 99% des albums sortis ne sont que des resucées de ce qui a déjà été fait, en mieux, des années auparavant. Heureusement, on assiste encore parfois à d’heureuses surprises provenant d’artistes inconnus mais talentueux.
C’est dans ce contexte peu favorable qu’arrive le premier album de Paris Hilton, très simplement titré Paris. Avant de parler de l’album, nous nous devons de mentionner le parcours exceptionnel de cette jeune demoiselle de 25 printemps. D’origine modeste (maman était femme de chambre au Waldorf-Astoria, papa livreur de pizzas), Paris se destinait à accumuler des petits boulots sans avenir. C’était sans compter sur sa pugnacité et son talent. A l’âge de 8 ans, papa Hilton offre à Paris une guitare laissée par un de ses clients (il était alors taximan). Comme un électro-choc, la six-cordes bon marché allait déclencher chez la petite Paris la passion de la musique. Elle commença par étudier attentivement ses brillantes aînées (Joan Jett, Joan Baez et surtout Patti Smith) avant de commencer à composer et à écrire ses propres textes.
Paris ose, et joue ses compositions dans le métro dès l’âge de 12 ans. Les quelques dollars qu’elle obtient permet à sa famille d’aider à payer les notes de chauffage. L’adolescence arrive, et Paris remarque bien vite qu’elle ne ressemble pas à ses copines de l’école élémentaire de Harlem. Blonde, grande, talentueuse : Paris commence déjà à faire tourner les têtes, et c’est tout naturellement qu’elle et sa famille (qui a vendu la Ford familiale pour se payer le trajet) émigre vers Hollywood. Après avoir essuyé quelques échecs, elle finit par décrocher un premier rôle dans un film indépendant, retraçant l’histoire d’une jeune américaine en visite… à Paris! Le film, titré One Night In Paris et produit par l’actrice Shannen Doherty, a connu un succès d’estime, mais suffisant pour lui ouvrir quelques portes, dont celles du producteur américain Scott Storch, qui lui offre un album.
Magré les prouesses instrumentales de Paris (qui outre la guitare, maîtrise également la batterie, le saxophone et l’ukulélé hawaïen à 5 cordes), l’album est résolument électronique. On pourrait sans doute le rapprocher de ce mouvement récent issu des rues des quartiers défavorisés américains : le « hip-hop ». La voix de Paris est parfois manipulée par des effets, mais elle reste facilement reconnaissable via son timbre et son souffle murmuré. Ceci dit, les producteurs ont compris qu’il fallait aussi utiliser le talent de musicienne de Paris : « Fighting Over Me » est emmené par quelques accords de piano de style music-hall, qui permet de rapprocher Paris d’autres chanteuses à la voix superbe, telle Aretha Franklin…
Ce morceau permet d’ailleurs de découvrir une nouvelle facette du talent de la miss : les paroles. Ici, elle nous explique que, vu ses multiples talents, elle créait nécessairement des jalousies chez les autres filles envieuses. Paris attirait naturellement la gent masculine, toujours prête à l’écouter réciter ses poèmes munie d’une simple guitare acoustique. « Jealousy » est un autre morceau sur le même thème, mais emmené par de grosses guitares électriques. Plus loin, le superbe « Stars Are Blind » nous ramène aux meilleures heures de la « new-wave », tout comme « Heartbeat » qui nous ferait presque penser à Cyndi Lauper, icône des années 80. Enfin, preuve ultime du talent de la belle : Rod Stewart lui-même lui a personnellement écrit un titre, appelé « Da Ya Think I’m Sexy », qui clôture l’album d’une bien belle manière.
Paris nous permet de découvrir les immenses talents de Paris Hilton, et ce n’est sans doute qu’un début. On parle d’elle pour interpréter Mère Theresa dans un long-métrage hollywoodien, et sa carrière musicale ne s’arrêtera certainement pas en si bon chemin. Un bien bel album, frais et original. Que demander de mieux ?