La famille pop scandinave s’est considérablement élargie avec ce collectif qui ne compte pas moins de 29 têtes en ses rangs ! Le chef de cette tribu bobo se nomme Emanuel Lundgren, un étrange moustachu à lunettes qui porte des cols roulés.
Des espagnols en col roulé donc, le détail aurait dû nous mettre la puce à l’oreille… Fieffés menteurs, les I’m From Barcelona proviennent de Suède, patrie des paladins les plus improbables, Jens Lekman en tête. Leur nom n’a donc pas vraiment de rapport avec la capitale catalane, si ce n’est peut-être un cousinage avec l’excentricité et la démesure d’Antoni Gaudi, le célèbre architecte qui a façonné la ville.
« Aucun de nous ne savait que nous pourrions devenir un groupe »
Cette phrase inscrite sur le livret résume bien l’aventure incroyable du collectif nordique. Dans son petit appartement de Jönköping, Emanuel Lundgren organise des fêtes en « gros » comité. Lorsque les bouteilles de vin sont vides, il invite ses convives à taper le boeuf sur ses propres compositions. Une poignée de morceaux découlent de ces sessions improbables et de ce fait, un concert d’adieux est organisé avec les 29 participants au complet. Mais il est déjà trop tard, le buzz s’est répandu comme une traînée de poudre. Sitôt signé chez EMI Suède, leur premier EP Don’t Give Up On Your Dreams, Buddy ! paraît début 2006. Neuf mois plus tard, le succès de leur kitschissime vidéo diffusée sur Youtube leur assure une renommée planétaire.
Les présentations faites, Let Me Introduce My Friends offre à côtoyer une bien déconcertante chorale. En terme de corrélation quantifiée, la secte symphonique siphonnée Polyphonic Spree n’est évidemment pas loin. Mais le lien s’arrête là. Pour le collectif suédois, cette protubérance joue sur l’accidentel, tandis que la démarche de Polyphonic Spree est délibérément provoquée, voire accentuée à terme.
Chez I’m From Barcelona règne une ambiance de classe primaire. Les harmonies vocales concentrées autour du chanteur Emanuel Lundgren s’en rapprochent d’ailleurs fréquemment (“Barcelona Loves You” et désormais classique “We’re From Barcelona” ). N’importe qui peut participer aux activités, peu importe que vous soyez musicien ou non, pourvu que vous ayez la bonne vibration et sachiez taper des mains et des pieds. Les plus expérimentés peuvent occasionnellement tâter du Kazoo, du Banjo, mélodica, accordéon, flûte, clarinette, ou un orgue désaccordé (mais cédé gratuitement stipulent les crédits).
Au croisement géomusical entre les Papas Fritas et Jens Lekman, IFB scande la joie de vivre et les fleurs qui poussent. Mais attention, derrière ses traits mignons, il est surprenant de constater à quel point leur frénésie peut par éclairs rivaliser avec les canadiens d’Arcade Fire (le pétaradant “Collection Of Stamps”). Cette fanfare aux allures faussement dissipées évite contre toute attente les sorties de route spectaculaires grâce à une écriture rigoureuse. En dépit d’une maîtrise vocale imparfaite, IFB ne manque pas de ressources et semble prendre un malin plaisir à bigarrer son régiment de choeurs : (le frissonnant “Ola Kala” et ses vocaux virils). En tant que chef d’orchestre de campagne, Emanuel Lundgren est le principal compositeur mais se charge également d’enregistrer, produire, et mixer toutes les bandes qui passent entre ses mains. Sa voix, qui est la seule distincte du projet, n’est guère exceptionnelle, mais son sens de l’arrangement cosy et ses trouvailles instrumentales sont généralement enthousiasmants. L’union fait la force, comme on dit.
Le 16 septembre, le groupe jouera à Londres chez le mythique disquaire Rough Trade de Covent Garden. Vu la capacité d’accueil de l’endroit situé en sous sol, on est curieux de savoir pour qui la troupe scandinave va jouer, si ce n’est pour eux ! Un moment qui risque d’être mémorable.
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