Une nouvelle sensation en provenance de Suède va provoquer des déhanchements saccadés chez tous les amateurs de son lo-fi, grâce à 10 titres à l’énergie communicative.


Le buzz : c’est le terme désormais consacré qui caractérise ce brouillard diffus – constitué de bouche-à-oreille cybernétique, engouements conjoints et autres plébicitations – qui entoure un groupe propulsé nouvelle icône du web. Ce phénomène, largement récurrent en 2005, a de beaux jours devant lui, avec au moins un groupe par mois frappé de ce mystérieux sortilège.

En cette fin d’année, c’est Love Is All – un nom tellement évident qu’on se demande d’abord pourquoi il n’a pas été pris auparavant – qui se présente comme le prétendant n° 1 à la buzzification. Suédois, pour satisfaire nos aspirations européennes ; rock et dansant à la fois, pour pouvoir rythmer nos soirées ; lo-fi, pour combler nos inclinations naturelles au son système D : Love Is All possède de sérieux atouts pour réussir dans cette intronisation. Sans compter un estampillage «Single of the Week» par NME – qui sait mieux que quiconque décerner des couronnes, toutes plus fugaces les unes que les autres. C’en est assez dit pour situer le phénomène naissant autour de Love Is All.

La découverte de ce premier album Nine Times That Same Song s’en trouve presque embarassée. Comme si ce brouillard de on-dit et de rumeurs mêlés allait pervertir notre jugement. Le buzz, de la poudre aux yeux ? Pour s’en prévenir, il vaudrait mieux écouter cet album pour ce qu’il est vraiment – à savoir un exercice rafraîchissant – sans se laisser berner par les «atouts» mentionnés ci-dessus. “Talk Talk Talk Talk”, morceau inaugural qui donne le ton, a bien sûr cette efficacité spontanée, qui lui confère un intérêt certain, mais peut-être éphémère. Batterie haletante, choeurs masculins et voix ultraréverbérée de la chanteuse : un mélange explosif qu’on retrouvait récemment chez Cansei De Ser Sexy. Le refrain répétitif, scandé par cette voix aiguë et vaguement agressive, s’avère finalement assez addictif ; les riffs de guitares façon ska et les échos de saxophone y sont aussi pour beaucoup. “Ageing Had Never Been His Friend” poursuit sur cette route, porté par une ligne de basse précise et un micro de plus en plus défaillant, tandis qu’un break de quelques mesures convoque sans rougir le White Light/ White Heat du Velvet Underground.

La musique de Love Is All est fille du mélange des genres certes, mais un mélange toutefois relativement formaté, à l’oeuvre dans la musique indépendante actuelle. Rock matiné de références 80’s, de Blondie aux B 52’s (“Used Goods”, “Spinning And Scratching”), prétention disco à la manière de Peaches (“Ageing Had Never Been His Friend”, “Busy Doing Nothing”) : Love Is All s’inscrit bien dans son époque et dessine les contours d’une nouvelle hype. Si les titres qui composent ce premier album sont réunis avec humour sous l’appellation de «neuf fois la même chanson», il est certain que ce qui les relie est cette même énergie, frâiche et spontanée, qui donne envie de danser, bouger, se dandiner, bref de convertir cette musique vitaminée en mouvements aléatoires. Love Is All a également dans l’intention de nous libérer de notre addiction à la télé et à la radio – peut-être pour mieux asseoir une addiction nouvelle, à leur musique? – grâce à deux morceaux plus calmes, où la chanteuse fait l’effort de chanter, rappelant certains titres des Pastels (“Turn The TV Off” / “Turn The Radio Off”). Si, à l’aveu de ses créateurs, cet album se répète neuf fois de suite, quel est le morceau qui sort du lot, dans cet ensemble de dix titres ? Assurément “Felt Tip”, porté par une atmosphère pacifiée. La réverb’ est cette fois-ci synonyme de douceur, impression renforcée par les voix masculine et féminine qui s’intercalent.

En plus d’être une nouvelle idole de Myspace, Love Is All est parvenu à accomplir un premier album suffisamment vivifiant pour entamer l’hiver dans la bonne humeur.

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