Nous continuons dans notre série des ressemblances/dissemblances avec, encore une fois, deux artistes aussi caricaturaux, dans leur genre, l’un que l’autre.
D’un côté, Faithless, trio (alias Rollo Armstrong, Sister Bliss & Maxi Jazz – pourquoi pas Bozzo le clown tant qu’on y est ?) bristolien que l’on ne présente plus, servant d’exemple type à suivre dans les départements marketing des maisons de disques. Comment plaire à la jeunesse tout en ne cassant pas les oreilles de la bonne vieille ménagère de 50 ans – sa manan : voilà la question phare qui guide « ceux qui ne croient plus en rien » (très air du temps), en servant des tubes gentillets (« God is a DJ ») et, surtout, en se servant des pochettes comme autant d’affiches tout droit sorties d’une expo pour snobinards (dont nous sommes tous, l’un ou l’autre jour, les représentants) scandalisés par ce monde décadent. Oui, ici, c’est l’actualité de l’art (et vice et versa) qui préoccupe, comme l’illustrent les titres : « Bombs », « Emergency », « Hope & Glory »…Et pour saupoudrer d’un peu de chantilly, on a fait appel aux copains/copines : Dido, le dindon de la farce habituel, mais aussi Harry Collier (le Terry Callier local), Robert Smith (qui mange décidément dans tous les râteliers) et enfin Cat Power (qui relève péniblement le niveau). Maman sera satisfaite, ce disque se laisse vraiment écouter en faisant n’importe quoi (si, si, même du repassage). Fiston aussi finalement, car il s’agit d’une belle comptine pour faire dodo.
De l’autre côté, John Tejada (Cleaning Sounds Is A Filthy Business), inconnu de chez inconnu pour le grand public (autrichien exilé en Californie), partage avec Faithless deux caractéristiques : l’utilisation de l’électro (bien qu’ici ce soit in extenso, voire ad nauseum), comme ingrédient principal de sa musique homemade, et le goût pour l’art contemporain. Regardez-moi cette couverture que l’on dirait tout droit sortie d’un tableau de Klee, avec cet indéfinissable charme – ce qui semble être des os, pour ajouter un peu d’anxiété au bazar. Visuellement, tout comme musicalement d’ailleurs, tout ceci évoque le Future Sound of London, combi électro qui a hanté les nuits de plus d’un fêtard dans les années 90. Ici, c’est l’abstraction qui titille, avec des titres comme « Science, I Think », « The End of it All » ou « Mutation ». Point d’invités surprise (si ce n’est des machines et des samples angoissants)… Maman sera de mauvaise humeur, car ces boucles qui se répètent sans cesse et ces petits bruitages ont un don : celui de l’énerver. Fiston sera content. C’est bien connu, ce qui énerve maman, c’est tellement plus fun !