Comme cela avait été annoncé par le label Minium, lors du lancement en mai dernier de “Standard Visit”, il revient donc au pianiste Stephan Oliva de boucler la boucle de cette excellente collection d’albums avec un cinquième volume somptueux, le plus beau d’une série sans la moindre fausse note. Epousant, comme le titre l’indique, une structure symétrique en Miroirs, cet opus réunit cinq duos qui interprètent successivement deux titres de cinq compositeurs noirs américains, puis de cinq blancs. Deux voix féminines (celles de Susanne Abbuehl et de Linda Sharrock), une batterie (Joey Baron), des clarinettes (Jean-Marc Foltz) et une contrebasse (Claude Tchamitchian) alternent sans heurt pour venir donner le change au piano introspectif de Stephan Oliva. Tour à tour les morceaux mettent face à face deux solitudes qui se trouvent et se reconnaissent à travers l’évocation émouvante de mélodies atemporelles. Elles entament une ronde, se frôlent, se caressent, s’écoutent pour mieux s’entendre, (se) réfléchissent et dialoguent par l’intermédiaire de notes toute en retenue qui flottent dans l’espace comme des songes. L’exceptionnel rendu sonore communique à chacune de ces présences instrumentales une dimension physique et sensorielle qui contribue à porter l’émotion à un niveau d’intensité rarement atteint. Quelque chose circule entre ces reflets musicaux nuancés, de l’ordre de l’indicible, mais qui nous parle au plus profond. Sublime.
– Le site de Stephan Oliva.
– Le site Minium.
– A écouter : “La Plus Belle Africaine”.