En activité depuis plus de deux décennies, l’ectoplasme de Ghost continue toujours de remuer le circuit folk alternatif. Bien avant la résurgence du genre acid-folk, le collectif japonais mené par son gourou Masaki Batoh mettait à exécution des rites musicaux transcendantaux à la puissance d’évocation troublante. Près de trois ans après l’épique Hypnotic Underworld, Ghost n’a en rien perdu de son magnétisme sur In Stormy Nights. Expérimental, chamane, radical, psychédélique, sans compromis, déroutant, oppressant… les qualificatifs manquent pour décrire cette masse informe enfantée par une troupe d’illuminés. Notamment sur « Hemicyclic Anthelion », longue cabale bruitiste et improvisée de 28 minutes où Ghost entend bien réveiller les morts à grands coups de feedback oppressants, de vagues de percussions tribales, coups de tambours de bourreaux et cloches surannées. Peu d’âmes courageuses oseraient s’aventurer dans de telles dérivations atonales – Pelt, Badgerlore ou encore leurs frères de sang Acid Mothers Temple – car la frontière entre la folie et l’abstrait s’avère très mince. Heureusement pour leur santé mentale, les cinq autres morceaux empruntent des virages moins abstraits. “Water Door Yellow Gate” et “Gareki No Toshi” délaissent l’influence celtique pour un folklore ancestral : des mini symphonies de guerre à la gloire des samouraïs. “Caledonia”, à l’allure de parade tribale majestueuse, est porté par le chant despote de Masaki Batoh, impressionnant. Enfin, “Grisaille” clôt cette vision cauchemardesque sur une note pastorale plus tempérée. Mais qu’on ne se méprenne pas, la bête rôde toujours.
– Ghost sur Drag City