Les !!! brassent le punk dance à la sauce mondialisée, se démarquant clairement de la concurrence, quitte à faire de leur niche l’autre dance machine from big apple, à côté de LCD Soundsystem.


Tchick Tchick Tchick est ce que l’on pourrait appeler un collectif de musiciens – quiconque les a vus en concert aura remarqué leur tendance à pratiquer la chaise musicale. En d’autres termes, ce sont de véritables artistes, et ce dans tous les sens du terme. Leur sens de la fête, au risque de présenter un maelström parfois inaudible pour certains (proche de ce que l’on pourrait appeler de la « musique de sauvage ou de singe » – y compris leur façon de danser qui rappelle toujours un film mémorable : La planète des singes, avec Charlton Heston) est leur caractéristique principale.

Les !!! sont – comme les héros du film précité croisant la statue de la liberté ensevelie dans les sables – des new-yorkais qui se sont fait connaître avec le brûlant single « Me & Giuliani Down by the School Yard » – Rudolph Giuliani étant le précédent maire de Big Apple, au moment du 9/11. Leur album Louden Up Now se démarquait en 2004 par ses paroles pas piquées des hannetons (« What do you think George Bush said when he met Tony Blair ? Shit, Sheise, Merde ») et sa réinvention toute particulière du punk dance (en gros, l’esprit punk marié à la disco et au funk). Murphy, alias LCD Soundsystem compte parmi leurs fans de la première heure. De plus, le groupe Out Hud rassemble des membres des deux groupes. Dernièrement, les Red Hot Chili Peppers sont allés jusqu’à leur proposer de faire la première partie de leur tournée. Bref, les tchick tchick tchick – il y a plusieurs façons de prononcer les trois points d’exclamations mais celle-ci est la plus courante à en juger par une recherche sur le web – sont probablement la machine à danser à la mode contemporaine.

Avec ce nouvel album sous le bras, on sent bien que quelque chose a changé, les rendant beaucoup plus « présentables » (ou serait-ce plus en accord avec l’époque actuelle ?), puisant dans la musique africaine ou caribéenne une nouvelle preuve des bienfaits de la globalisation. Les titres sont cohérents – et du coup moins variés qu’auparavant – mieux produits, se permettant parfois des adjuvants de toutes sortes, allant des choeurs féminins – le single « Heart Of Hearts » (preuve que la production commence à vraiment faire son apparition) – aux cuivres retentissants (« Break in Case Of Anything » regroupant les deux !). Le résultat est toujours aussi emballant : on a envie de danser, de chantonner, le disque procure la pêche et la bonne humeur à la fois. Preuve aussi du soin apporté à l’album, sa pochette, vaste fresque surréaliste mélangeant dinosaures, animaux, caravelles, volcans, soleils etc…, et, toujours par trois … comme les trois !!!.

L’album s’ouvre par un « Myth Takes » entraînant, visité par des flûtes et des guitares électriques. « All My Heroes Are Weirdos » renoue plutôt avec leur passé (titre compris), c’est à dire le punk, avec des percussions qui semblent chipées à la musique brésilienne. Ensuite, les titres défilent et leur caractéristique commune est leur sens de la rythmique : « Must Be the Moon », avec sa basse qui tue, ses cymbales hypnotisantes et ses riffs très Talking Heads ; « A New Name » rappelle la période disco de U2 (voix fluette compris) ; « Sweet Life » est foutraque à souhait avec son refrain se contentant de citer les quatre premières lettres de l’alphabet ; « Yadnus » pourrait être un hommage à The Prodigy ; « Bend over Beethoven » offre des improvisations et des soli réjouissants… le disque se termine par une ballade, « Infiniford », indice peut-être de leur avenir. Tout bon.

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