Pensionnaire de l’écurie madrilène Acuarela, Irene R.Tremblay alias Aroah livre ici son troisième album. Ce petit bout de femme a traîné ses guitares espagnoles (mais jamais hispanisantes) auprès des mythiques Nacho Vegas ou Yo La Tengo, et voit ce troisième album, El Dia Después, produit par Raül Fernandez, qui a officié aux côtés de Refree. Et son disque est à la hauteur de son pedigree, sensible, délicat et langoureux. Aroah nous rappelle combien il est doux d’écrire des chansons en Espagne, tant la pop qui en vient semble légèrement brûlée au-dessus et crêmeuse à l’intérieur. Les yeux rivés vers la Californie ou Nantes (on pense pas mal à Françoiz Breut), la jeune fille se livre dans un langage simple et direct, appuyée par des mélodies de coucher de soleil et des arrangements d’apéritif traînant en longueur. Quelques coups de griffes auraient peut-être réhaussé le ton et donné un peu de relief à cette musique qui caresse dans le sens du poil. Certes, il manque un peu de hargne ou d’électricité, voire un coup de fouet à cette pop chaleureuse qui nous endort parfois. Heureusement, certains titres secouent tendrement cette chambre de petite fille bien rangée (« Cifras » et ses cuivres mal embouchés, « La Maleta » et ses cymbales inquiétantes), et dévoilent une chanteuse fière d’elle, dont la voix fluette cache une petite teigne plutôt taquine. Même la légendaire montée-de-batterie-du-slow-qui-tue de la chanson-titre ne nous gêne en rien ici, c’est de saison. Aussi serait-il malvenu de bouder notre plaisir, un peu de légèreté ne nuira pas à notre bonheur grisonnant. Et si en plus elle vient du pays de la sangria bien fraîche, on ne saurait que trop nous laisser porter.
– Son Myspace