Après la renaissance du jeune Nick Drake et ses trésors mono inestimables (Fruit Tree), voilà maintenant au tour de l’intrigante folkeuse sixties Vashti Bunyan de nous gratifier d’un copieux double album contenant quantités de démos, singles rares et inédits enregistrés avant le culte et longtemps resté sans suite Just Another Diamond Day en 1970. La première partie de Some Things Just Stick In Your Mind nous présente une chanteuse juvénile, formatée dans la veine pop/folk qui avait cours alors, du baroque chic, dans le vent, et très léché. Cette orientation musicale s’explique par l’emprise du manager requin Andrew Loog Oldham (Rolling Stones) qui n’était pas indifférent au charme de la belle. On est encore loin de son premier album bucolique et bohémien – voire de son retour inopiné Lookfatering en 2005 – mais l’ensemble a son charme indéniable. Sur cette première collection de comptines précieuses, on pense parfois aux débuts européens de Nico, derrière une production luxuriante une voix qui ne saurait voiler un trop grand mystère. Il y a là de petits joyaux, tel “Coldest Night In The Year”, tout droit échappé du zoo génial de Pet Sounds, sans oublier le single “Some Things Just Stick In Your Mind”, coécrit par Mick Jagger et Keith Richards et enregistré en 1965.
Le deuxième CD exhume des démos datant de 1964 : voix captivante et arpèges acoustiques empreints d’une douce mélancolie qui ne laisse aucun doute sur les véritables ambitions à venir, cinq ans plus tard, de l’égérie. Some Things Just Stick In Your Mind n’est certes pas une réédition cruciale, mais procure l’effet émouvant d’une vieille pellicule photo découverte sur le tard, celle d’une connaissance dont on avait un peu oublié la splendeur de jeunesse somme toute innocente. Dans la lancée, on attend également sous peu son documentaire réalisé par Kieran Evans.
– Un site dédié à Vashti Bunyan