Un piano, une ou deux guitares, un theremin, une pincée de boucles, quelques ustensiles, parfois une batterie ou un saxophone loués pour l’occasion, et deux voix. Il n’en faut pas plus à Tazio & Boy pour livrer un album à la sensibilité rare. Présenté comme un best of, Note Book dévoile un univers sombre, triste, mélancolique, mais jamais affecté et encore moins pleurnichard. Certes ultra-référencé – on pense beaucoup à Cat Power ou PJ Harvey quand Boy, la fille, chante -, cet album est celui d’un groupe au caractère bien trempé. Ne pas se fier au livret enfantin signé Françoiz Breut, il ne s’agit pas d’une partie de cache-cache anodine ici. Tout se joue dans une alternance entre affrontement sourd et ballades inquiètes. La méchante/le gentil, l’ombre/la lumière blâfarde, le noir/le gris clair. Cette description manichéenne pourrait suffire à décrire l’ambiance de Note Book. Sauf qu’il s’agit de plus que cela. La plume plongée dans l’amertume dessine des univers rocailleux, inquiétants, mais qui laissent quelques aires de pique-nique autorisant au repos de l’esprit. C’est Tazio (le garçon, donc) qui se charge de prendre le promeneur malheureux par la main pour le guider dans ce monde éclairé à la lumière d’une éclipse solaire, cette lumière qu’il ne faut pas regarder de face, mais qui délivre une ambiance d’étrangeté bienveillante. Car malgré le ton grave de la moitié des chansons, l’oppression ne règne jamais complètement. Il convient d’aborder la musique de Tazio & Boy comme la confession douloureuse de deux êtres qui s’en réfèrent à autrui. Finalement, la victime n’est pas celui que l’on croit. Rassurons-nous, ces deux oiseaux blessés auront pris soin d’abandonner sur le chemin des cailloux blancs. Gageons qu’ayant retrouvé leur domicile, ils ne s’attarderont pas et ressortiront aussitôt pour s’engouffrer à nouveau dans des voies inextricables. A ranger juste en dessous de White Chalk de PJ Harvey.
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