Depuis que la Perfide Albion a troqué ses colliers de roses pour un rock binaire à l’ancienne, il faut pousser jusqu’en Islande, pays d’origine de Kalli, pour trouver trace de vie de la pop romantique échevelée. L’ancien leader de Without Gravity, groupe d’un seul album, le remarqué Tenderfoot (2005), continue à broder des chansons grâcieuses sous son nom propre. Ce premier effort solo marche sur les traces de Coldplay, la flamboyance en moins, la timidité en plus. While The City Sleeps est un recueil de pop songs des plus classiques, ourlées de guitares chatoyantes et tapissées de cordes évanescentes. La douce voix de Kalli chante ses comptines énamourées en pliant les yeux et en oscillant la tête. On croyait les chansons d’amour cantonnées à la variété la plus basse, et voilà que le pays de la chanteuse la plus déjantée du monde (Björk, faut-il le préciser) cache précieusement ses petits trésors. On croirait entendre un Richard Aschcroft assagi, un Brett Anderson du dimanche matin. L’ambiance de ce premier album solo est rarement bousculée, à peine si Kalli fronce les sourcils sur une ou deux piécettes passagères, mais c’est pour mieux se replonger dans son univers ouaté, où l’on chante lové sous un drap de soie. On peut s’interroger sur la pertinence d’un tel album à l’heure où les centrales nucléaires ont du mal à alimenter les salles de concert ici-bas, mais While The City Sleeps demeure apaisant et parfaitement réussi sous une production limpide et derrière ces compositions sans faute. Un peu de tendresse dans un monde de brutes.
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