C’est un gracieux chant à trois voix, sans chanteur. Une douce mélodie reconduite, déliée, toute en ondulations poétiques et souples cheminements, délicatesse et intériorisation. De la Terra Furiosa annoncée, retenir moins la possibilité d’une furie tempétueuse qu’une manière souple et patiente de poser le jeu pour observer cette Terre qui ne tourne plus vraiment rond. “We Have the Blues Mr. President” proclame le dernier morceau de l’album, sans rage. L’air est joyeux, presque primesautier. Tendues vers un avenir radieux, qu’elles appellent de leurs voeux, les huit compositions du pianiste Giovanni Mirabassi (plus deux reprises) se veulent résolument optimistes et agréables, liquidiennes plutôt que brûlantes. Une telle facture, on ne peut plus plaisante et empruntant volontiers son immédiateté mélodique à la chanson, que l’italien connaît bien pour y avoir fait ses gammes auprès de Bénabar, Charles Aznavour ou Nicolas Reggiani (Léo en toute liberté, 2003), ne manquera toutefois pas de susciter sur la longueur un semblant de lassitude. Pourtant impeccables, les trois musiciens (Gianluca Renzi à la contrebasse et le trop rare Leon Parker à la batterie complètent le trio) semblent trop occupés à faire le dos rond pour donner à leur dialogue miroitant une réelle profondeur de champ, une consistance formelle qui fasse sens au-delà de la facture séduisante de l’ensemble. On se souvient alors qu’en 2001 Giovanni Mirabassi avait enregistré un album solo, le vindicatif Avanti !, autrement plus révolutionnaire.
– Le site de Giovanni Mirabassi