Ce qu’il y a de bien avec les vieux potes, c’est qu’on a beau les perdre de vue, oublier leur anniversaire ou penser qu’ils ont toujours des cheveux et pas encore de copine, quand on les revoit, on a l’impression qu’ils n’ont pas changé, et du coup nous non plus. Et quand on se réunit à nouveau, le flot de souvenirs afflue avec une force incommensurable, nous obligeant à refaire le film de notre (courte) vie, entre bancs de facs et comptoirs ruisselant de bière, jolies filles et tristes week-ends en solitaire. Et on entend à nouveau la bande-son qui nous accompagnait dans ces années-là. En tout cas, celle qui nous revient spontanément en mémoire, celle dont l’évidence mélodique a traversé les années et survolé les réguliers formatages de la mémoire immédiate. La power-pop de Nada Surf figure en très bonne place dans la liste de ces groupes dont on se souvient toujours avec émotion, avec ces chansons simples et limpides, qui parlent autant au coeur qu’aux jambes. Assurément, le cinquième album du trio de Brooklyn joue à fond la fibre affective tant Matthew Caws et ses compères ne changent rien à leur formule. Ecriture scintillante, harmonies vocales en apesanteur, rythmes effervescents et toutes guitares devant. C’est simple, Nada Surf joue du Nada Surf depuis plus de 10 ans, et c’est toujours aussi efficace. Toujours pareil mais toujours chouette. Bien sûr on sent que les garçons commencent à grandir plus du ventre que des pieds, que les courses folles ne sont plus vraiment de leur (notre ?) âge, et qu’il est bon aussi de calmer un peu le jeu. D’ailleurs, il faut l’avouer, depuis The Weight Is The Gift (2005) on rechignait à écouter une fois de plus les historiettes de ces éternels post-ados amoureux, on leur en voulait même un peu de nous renvoyer aussi longtemps en arrière. On avait déjà tout ce qu’il fallait avec les inusables The Proximity Effect (1998) et Let Go (2002). Mais c’est un fait, la machine vieillit merveilleusement bien. On compte juste sur un proche pour leur conseiller d’arrêter définitivement les chansons en français. A part ça, on veut bien ouvrir une fois encore l’album de souvenirs. Surtout avec d’aussi bons potes.

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