Pour la majorité des groupes, le passage du disque à la scène, malgré toute l’excitation et les enjeux, est une véritable épreuve, et parfois un calvaire. Pour Zita Swoon, c’est l’inverse qui semble (de plus en plus) compliqué. Mirifiques sur scène, les Belges n’arrivent plus à produire des disques dignes de ce nom. On a même peine à croire que la tête pensante du groupe, Stef Kamil Carlens, fut, au sein de dEUS, cosignataire d’un des disques les plus imposants des années 90 en Europe, l’incontrôlable In A Bar Under The Sea (1996). Où est la folie ? Où se cache le génie débridé ? Qu’est devenu ce musicien totalement désinhibé que rien n’arrêtait ? Il s’est progressivement rangé en musicien banal qui livre régulièrement des disques banals, souvent corrects, mais aussi parfois mauvais (A Song About A Girls, 2005). Big Blueville voit les anversois collaborer avec l’ami Miossec qui semble plus sec que jamais car, disons le de suite, les quatre titres en français de Big Blueville sont à l’image du pays dont est originaire le groupe (selon Brel) : désespérément plats. Heureusement, l’anglais demeure encore la langue de prédilection de Zita Swoon. Mais cela ne sauve pas complètement ce disque. Musicalement, le choix tantôt bastringue, tantôt reggae, tantôt folk, sous des arrangements acoustiques soutenant la voix cassée de Carlens, convainquent difficilement. Ici et là, certaines mélodies promettent de beaux moments (les trois premiers titres sont en cela tout à fait réussis, et tout particulièrement “Looking for a Friend” et son piano enjôleur), mais l’ensemble semble comprimé dans une pièce bien trop étriquée pour ces forains. Gageons que la version scénique sera autrement plus réjouissante, comme toujours chez eux. C’est dommage car, malgré tout, le capital sympathie de Zita Swoon possède encore de beaux jours devant lui, et Carlens est un chanteur émouvant et puissant capable de bien mieux que cette musique de « balloche ». Il est donc urgent pour eux de reprendre goût au danger, car la sympathie aussi ça dure un temps.

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