En matière de sablier, Joseph Arthur se pose là. Ce troisième EP (sur quatre) qui fait suite à Crazy Rain et Could We Survive, permet aux inconditionnels de patienter encore un peu avant la sortie de Temporary People, nouvel album attendu pour le 30 septembre. Et l’attente peut durer tellement Vagabond Skies prolonge avec délice la sensation de retrouver l’ami Jo au meilleur de sa forme. Nous l’avons déjà dit, mais cela se confirme, le songwriter d’Akron livre pas moins que les dignes successeurs des quatre EP de la série des Junkyard Hearts, incontestable sommet de son oeuvre. Ici, retour à la veine électro-acoustique après la décharge de Crazy Rain, et c’est bien dans ce domaine qu’il excelle vraiment. Les mots finissent par nous faire défaut quand il s’agit d’évoquer (une fois encore) la perfection des mélodies, la pureté des lignes de guitares, l’éclat des harmonies vocales, et toujours cette douleur dans sa voix protéiforme. Au mieux peut-on préciser qu’il a convié la délicate Joan Wasser (dont on ne saurait trop recommander le superbe deuxième album) à le rejoindre. Ou alors que sur les six titres, on dénombre cinq ballades – toutes vibrantes et si délicates – et une pépite, “Second Sight”, avec ses programmations qui alternent sautillements et piétinement, ses arpèges qui caracolent loin devant le violon châtoyant de sa complice, à peine altéré par un refrain bizarrement étouffant. Ainsi, dans la lignée de ses contemporains les plus respectables, Joseph Arthur est en passe de devenir un pilier de la scène folk-rock, un référent, ou mieux encore, un modèle. Et, bafouant toute modestie, on ne se félicitera jamais assez de le suivre depuis son premier album en 1996 sans baisser la garde à un seul moment. Pas même lorsqu’il s’égarait dans des choix de production plus que douteux qui camouflaient des chansons belles à pleurer. On peut donc attendre encore quelques semaines, surtout avec de telles mises en bouche. Tout bonnement indispensable.

A suivre le quatrième et dernier volet, Foreign Girls

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