Que manque-t-il au rock en cette période de récession ? Du fun, du mauvais goût assumé, soit du bon gros hard rock nostalgique qui tâche et envoie tout valdinguer dans le décor. Bénis soit les Mesfitos de WITCH qui en ont fait leur philosophie. Et du moule-burne, les quatre en ont à revendre. Attendez ! Ne partez pas tout de suite ! Il ne s’agit pas de n’importe quel gang de tignasses sales, puisqu’officie derrière les fûts la frappe mammouth de Jay Mascis, héro de la guitare stridente qu’on ne présente plus. Avec son vieux pote Dave Sweetapple (basse) et deux membres du collectif folk Feathers, Asa Irons (guitare) et Kyle Thomas (chant, guitare, pochette), cette association de malfaiteurs tente d’assouvir ces vieux fantasmes d’adolescents dégénérés. Il se mijote dans ce chaudron nostalgique les riffs ensorcelés du Black Sabbath, une pincée 80’s de NWOBHM (New Wave of British Heavy Metal, tout un alexandrin), la testostérone des véreux Motörhead, et — aussi improbable soit-il — la glam attitude du Tirannosaurus Rex. Sur le papier l’affaire peut paraître repoussante, mais les garçons maîtrisent magistralement les codes inhérents au style et en jouent. Ajoutez une production judicieusement poussée dans le rouge (limite stoner), et la magie (pardon, le sortilège) prend ! Car sous cette enveloppe lourdingue se cachent quelques traces de finesse. Passés quelques clins d’oeil lancés aux ainés (“Eye” avec son riff carrément déterré à la Verge de Fer) ce serait finalement le zombie de Marc Bolan plutôt qu’Eddy qui nous mord (“Space God”). Parfois, on pense même aux Black Rebel Motorcycle, c’est dire si le moteur fume. Le petit plaisir coupable du moment, sans hésitation.
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