L’Islande, ses décors majestueux, ses geysers, ses déserts givrés, et ses innombrables courants musicaux. Après avoir offert d’étranges modules spatio-temporels pilotés par des illuminés de première, voici que Jakobinarina dévoile une nouvelle facette de l’île, plus proche de celle de n’importe quelle campagne continentale : en Islande, on s’y ennuie aussi beaucoup. Et comme en Angleterre, la jeunesse islandaise, pour tuer un quotidien soporifique, investit le garage familial, s’invite à boire sa torpeur et à cracher sa rage contre cette vie morne en jouant au taquet sur des guitares d’occasion. The First Crusade n’a rien d’une croisade tant les terres visitées sont depuis longtemps stériles d’avoir été trop souvent retournées et piétinées. Néanmoins, le punkoloïde des jeunes blonds, en jouant à fond des partitions mille fois entendues en d’autres temps, ne se perd pas et livre un album tout simplement idéal pour se défouler. Jetant un pont de singe entre le punk guttural des Américains Dropkick Murphys et la power pop sautillante et écervelée des premiers efforts des Suédois Wannadies, les six têtes à claques à l’origine de tout ce vacarme cherchent à effrayer votre grand-mère mais ne perdent pas une miette du dernier épisode de Oggy et les cafards. Mélodies approximatives, moulinette rythmique incessante, guitares réglées sur le bouton pleine poire, claviers perdus dans la mousse du bain, The First Crusade est un bolide stupide et jubilatoire lancé à fond de cale sur le mur de la buanderie. Un rock à l’air idiot, et pourtant bigrement maîtrisé. Et au milieu, “End of Transmission n°.6”, un potentiel cadeau à Quentin Tarantino pour son prochain film, 1’30 de surf rock crasseux pur jus, preuve d’un éclectisme qui ne demande qu’à être provoqué. C’est fou le bien que ça fait…
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