Découvert en début d’année avec un prometteur solo au piano (Docile, influencé par les miniatures d’Erik Satie), puis de nouveau croisé avec enthousiasme sur un album instrumental plus étoffé (Float, à rapprocher du néoclassicisme de Max Richter), l’insatiable Peter Broderick nous revient cette fois-ci avec un disque de folk pastoral — sans parler de ses diverses collaborations, notamment au sein du groupe Horse Feathers, dont le délicat Cut In The Weeds est aussi sorti en septembre chez Killrockstars. À 21 ans, multiplier les projets et casquettes de la sorte pourrait facilement faire grossir la tête de celui qui les porte. Mais c’est au contraire l’humble cheminement d’un musicien pluriel qui ressort à l’écoute de ses différents travaux, dont la variation incessante des propositions instrumentales est temporisée par un souci reconduit de modestie. Les grands touche-à-tout n’ont bien souvent qu’une idée fixe à faire valoir. Celle de Peter Broderick consiste en une recherche de l’harmonie ultime. Dès l’ouverture de Home, qui fait la part belle au chant et aux textures claires et boisées, là où le précédent album privilégiait les matières plus synthétiques et parasites, le champ sonore est envahi par des harmonies vocales que l’on croirait délivrées par les barbus récemment encensés de Fleet Foxes. Suivent neuf morceaux tous écrits avec la même encre céleste, aussi calmes et chaleureux que peut l’être un foyer réconfortant, à l’abri duquel le monde n’est plus qu’une vague rumeur à oublier (une guitare électrique tentera une vaine incartade sur “Sickness, Bury”). Si, parfois, l’ennui menace paradoxalement de nous sortir de cette étrange torpeur qui gagne du terrain au fil de chansons à l’humeur égale, demeurent surtout prégnantes, à travers cette mélancolie cotonneuse et le traitement vaporeux des voix, des mélodies arrangées avec un bonheur irradiant. Un bonheur que l’on ne saurait décemment se refuser.

– La page MySpace de Peter Broderick
– Le site de Bella Union