La pop légère a ceci de délicieux qu’elle offre des moments de pure relaxation musicale lorsqu’elle se présente sous ses meilleurs attraits. A ce titre, les Cardigans ont offert leur lot de belles sucreries acid(ulé)es, avec en point d’orgue un Gran Turismo (1998) impérial. Ce disque charnière pour un groupe voué à une carrière ad hoc, lisse et sans accroc, avait à ce point secoué la jolie Nina Persson, chanteuse à la voix séraphique, qu’elle offrit en 2001, sous le sobriquet de A Camp, et sous la houlette du tumultueux Mark Linkous, un disque solo totalement magique. Un petit miracle de fragilité et de mélancolie saignante, magnifié par une pudeur et une douleur intime que l’on imaginait plus réservées à des lolitas brinquebalées qu’à une star qui semblait parfaitement maîtriser sa carrière. A Camp avait même fini, au fil du temps, par devenir le disque gélule, à dégoupiller seulement en cas de gros cafard. Aussi, la nouvelle, huit ans plus tard, de l’arrivée du successeur de ce bijou nous avait quelque peu émoustillés. Et ce n’est rien de dire que la déception survenant à l’écoute de Colonia est à la hauteur de l’amour, oui, disons-le, que nous avions fini par ressentir pour son prédécesseur et, forcément, son auteure. Colonia est bien à l’image de Nina Persson, mais celle de 2009, une jeune et (toujours) très jolie femme qui file le parfait amour aux Etats-Unis avec son compère Nathan Larson et qui s’est depuis fait plein d’amis dans le gratin de la variété de bon goût américaine. Et son brillant casting — outre le fidèle Mark Linkous, on trouve Joan Wasser, James Iha ou son compatriote Nicolaï Dunger — ne nous fera pas changer d’avis. Finies les vibrations sensuelles et/ou déchirantes, place à de la musique bien sous tout rapport et des arrangements parfaitement fédérateurs. Si on y trouve ici et là de bons moments d’inspiration, comme “The Crowning” — merci Rufus Wainwright –, ou le dernier tiers du disque, le reste oscille entre mièvrerie, bondieuserie et worlderie sans intérêt. Colonia ou la grande déception amoureuse de l’année.

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