A l’aube d’entamer sa quatrième décade et contre vents et marée, Steve Kilbey et ses frères de paroisse prêchent avec toujours autant de magnétisme et conviction leur rock mystique. Tout au long d’une carrière démarré en 1979, le quatuor de Sidney n’a eu de cesse de se réinventer : de la power pop des débuts au virage cold wave, en passant par les épopées psychédéliques et les plus récentes excursions atmosphériques instrumentales. The Church est revenu de tout, même de leur tube FM planétaire “Under The Milky Way”. A vrai dire, même en perte de vitesse au milieu des années 90, ses albums bancals contenaient toujours trois ou quatre compositions à vous scotcher au plafond. Leur secret ? Un sens de la mélodie aguicheuse qui a rarement fait défaut. Ce vingt-troisième album intitulé de circonstance Untitled #23, atteste de cette longévité d’inspiration hors du commun. Depuis Holograam of Bahal (1998), on sait le quatuor en grande forme. Untitled #23 renoue quant à lui avec les compositions songeuses et conceptuelles de Forget Yourself (2004) à l’étoffe teintée de pourpre. Disque sombre et onirique, Untitled #23 baigne dans une texture sonore océanique où les guitares géniales de Marty Willson-Piper et Peter Koppes partent en scaphandre écumer des arpèges limpides mais jamais étales. Et ramènent dans leurs filets une belle collection de perles pop éthérées : l’impressionnant “Deadman’s Hand”, “Anchorage”, “Sunken Sun”, “Happenstance” (chanté par Kilbey et Willson-piper). La voix sensuelle du my(s)thique Steve Kilbey (l’un des plus belles voix du rock, sans nul doute) fait littéralement chavirer sur “Space Saviour”. Le bassiste/compositeur joue maginifiquement à son illustre modèle, le « Reptile » Bowie sur l’inaugural “Cobalt Blue”. Tandis que The Cure sombre dans le coma depuis Disintegration (et bien que son public reste sourd à cette débâcle), The Church, la tête haute, continue de rendre compte de ses rêves mais reste de façon incompréhensible confidentiel en Europe. A ce jour, son culte n’a toujours pas été profané.
– Le site officiel de The Church
– Lire également la chronique de Uninvited Like The Clouds (2006)