Quinze ans. Le bel âge. C’est aussi celui de Zachary (Zack a ri, Zak laughed… vous saisissez) Boissau au moment de publier ce premier album. On aurait envie de crier bravo, de l’encourager à fond, le féliciter pour son talent précoce, lui répéter sans cesse qu’on n’en revient pas. On aurait tant adoré lui affirmer sabre au clair qu’il est un vrai prodige. Mais non… Le jeune auvergnat a une connaissance du folk étonnante pour son âge, c’est évident. Il développe une maîtrise de la guitare plutôt méritante. Il détient même un certain sens mélodique qui sied bien à ses arrangements épurés. Le problème, c’est que ce disque respire bien trop ses 15 ans. Et citer Bob Dylan et Mick Jagger avec cette voix vraiment juvénile évoque un autre ado qui aurait combattu Philip Roth dans une rédac de bac de français notée 12/20. Le geste est beau mais ne soulève rien d’autre qu’un regard protecteur ou un attachement à ce gamin qui ose. Mais pas un sourire béat d’admiration pour un talent époustouflant et étonnamment précoce. Car s’il est doué, le jeune Zak n’est pas un génie. N’empêche, ce genre d’effort mérite d’être salué, en espérant que le concert de louanges et l’énorme attraction médiatique qui se sont créés autour de lui ne lui fassent pas perdre la tête. Au risque, dans le meilleur des cas, d’assécher cette plante en pleine montée de sève ou, au pire, de tuer dans l’oeuf un espoir avec les conséquences un peu chargées d’une telle désillusion. Car il est clair que Zak est surtout top innocent pour se défendre dans un univers difficile et parfois hostile. Donc si on approuve ce disque pour la tentative qu’il représente — beaucoup moins pour ses qualités intrinsèques, c’est une musique vraiment poussive –, on se méfie beaucoup plus de la hype puante et avide de chair fraîche qui s’érige autour.

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