Pour la majorité de ses compositions, on peut dire que les références de Krysztof Orluk, jeune musicien polonais de 23 ans, s’inscrivent dans les tonalités sombres d’un Boards of Canada sans passer par les rythmes entrainants et hypnotiques du duo canadien ou encore d’un Geir Jenssen aka Biosphere avec ses espaces sonores minimalistes et froids. S’il s’agit toujours des textures habituelles de la musique ambient, Orluk arrive à jouer à partir de ce registre classique de drone avec le va-et-vient de ses textures, les fragilisant et les mettant en rapport avec des sons « naturels » comme le chant des oiseaux (“Beautiful Mind”) ou encore l’écoulement de l’eau (“Bright Things, Love Heat”), dans le but de créer des structures organiques et fluides, teintées d’une douce mélancolie. Cette dernière est réfléchie, comme le titre de l’album l’indique, à travers un flou sonore épais, comme des images qui se dessinent derrière une vitre fumée : on y distingue et croit reconnaître des formes, tandis que ces dernières restent à contours indéfinis et fuyants. Or cela n’enlève rien aux sentiments ambigus que peuvent susciter leurs présences. Si la pensée, comme le dit le sociologue et philosophe Edgar Morin, est un « jeu de précision et d’imprécision, de flou et de rigueur », celle qui se déploie à travers Blurred Reflection constitue assurément une tentative réussie.

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– En écoute “Beautiful Mind” :