Parfois, la musique porte le visage tourmenté et fou de l’homme inquiet. Le soleil lui brûle les yeux et attise sa colère, en l’étouffant dans son chatoiement. Si l’homme se détourne de la lumière, c’est pour se faire une place dans l’antre de la solitude, à l’abri de la profusion de sens et de couleur. Il s’y plonge pour y trouver une autre origine, une lueur voilée et angoissante, comme le musicien américain Kyle Parker avec son projet Infinite Body, dessinant une figure solitaire et cherchant les sonorités qui vacillent parmi les ténèbres nébuleuses. Dans Carve Out The Face My God, ce dernier évite l’hermétisme des résonances bruitistes afin de composer une agitation qui serait plutôt de l’ordre d’une vibration profonde et radieuse, ceci à travers une surface inexplorée et intimement lisse. L’accent est mis ici sur une clarté évidente, une véritable fluidité dans la mélodie, malgré les notes cristallines qui se dissimulent dans l’avancée grave et rugueuse des lignes orchestrées. Il s’agit de la rumeur douce d’un mémorandum égaré ; sa voix est celle d’un tumulte organisé et méthodique, d’une violence toujours renouvelée dans l’esprit tourbillonnaire, le temps d’une effervescence momentanée et fatalement précaire. En attendant, la musique devient le lieu d’un songe au coeur de la forêt, l’asile pour une rêverie incertaine. Une fois que le rêveur passe, gravant ses souvenirs dans l’arbre du bannissement, il ne reste plus qu’à cueillir les ferveurs dispersées de la sensibilité ouverte et raffinée de ce corps infini, dont les éclats se retirent calmement dans les plis secrets des harmonies desséchées.

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– En écoute : “Sunshine”