Spectrals – Bad Penny

À tout juste 21 ans, le prolifique songwriter Britannique Louis Jones – aka Spectrals- suscite déjà la convoitise des labels les plus branchés du moment.

À tout juste 21 ans, le prolifique songwriter Britannique Louis Jones – aka Spectrals- suscite déjà la convoitise des labels les plus branchés du moment. Le Leedsien a déjà disséminé, en l’espace de deux ans, une flopée de singles, cassettes et EP sur les labels Captured Tracks, Moshi Moshi, Slumberland…Mais c’est finalement Wichita qui emporte la mise pour son premier album. Forcément attendu au tournant, Bad Penny négocie plutôt bien le virage long format. Le choix audacieux porté sur le producteur Richard Formby est en soit un gage de qualité (sa collaboration sur les deux derniers albums de Wild Beasts est époustouflante). Rien de tel qu’un producteur expérimenté pour canaliser cette jeunesse impatiente… Après avoir voué un culte à Phil Spector sur le remarquable Extented Play EP et tâté du son noisy sur cassettes lo-fi, Bad Penny surprend d’abord par son romantisme british très « eighties ». En effet, le traitement des guitares n’est pas sans évoquer la pop « cristalline » d’Atzec Camera, Prefab Sprout et Lilac Time. Avec un peu de recul, cette orientation s’inscrit dans le processus naturel des choses : Roddy Frame et Stephen Duffy furent en leur temps des songwriters tout aussi précoces que Louis Jones, mais surtout des inconditionnels du label Phillies de Spector. On pourrait parfois rechigner sur l’approche pop classique, mais l’assurance juvénile de Louis Jones (à l’instar du premier album des Kooks et The Last Shadow Puppets) galvanise les mélodies instantanés de « Get a Grip » (très Steve McQueen) et l’enlevé « Big Baby », tube en panique façon The Smiths rendant hommage à T-Rex. Bad Penny est le genre d’album qui s’écoute avec un plaisir coupable. Peut-être motivé par la nostalgie que nous évoquent les mélodies insouciantes d’un été que sont « Doing Time » et « Luck is There To Be Pushed ». Il n’y a aucune honte à se faire du bien de temps en temps… Pour l’anecdote, un certain Stephen Duffy a conçu la pochette du disque…