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Alors que l’heureux possesseur d’une oreille aguerrie pourrait enfiler les références au fil de l’écoute du nouvel album de Moss comme un touriste amateur débiterait des clichés sur le pays des moulins, il serait malencontreux de ne réduire la musique néerlandaise qu’au sympathique et souriant Dave.
Car derrière un hommage à peine masqué à la musique pop américaine de ces dix dernières années, célébrant la rencontre des Fleet Foxes et d’un synthé, lorgnant vers Hidden Cameras aussi bien que Radiohead pour la référence anglaise, Moss fait résonner un disque ambitieux aussi bien qu’efficace. Tant est si bien qu’un titre aussi résolument accrocheur que “Almost a Year” pourrait sans problème en remontrer au tout aussi efficace “Somebody That I Used To Know” de Gotye, l’appui d’Universal en moins, l’absence de l’influence de Phil Collins en indéniable avantage. Ainsi, le disque regorge de perles synth-pop lorgnant parfois vers le krautrock façon Mina May, morceaux qui s’étendent au rythme des claviers. À chacune des chansons revient en tête le nom d’un groupe chéri et tant aimé que cela pourrait se transformer en désagréable sensation de name-dropping au fur-et-à-mesure des écoutes : il n’en est rien car Moss, fort d’un troisième album maîtrisé de part en part et d’influences digérées, démontre une aisance à hisser chaque titre vers l’excellence sans renier ses origines. Un disque frais et efficace qui fait du bien par où il passe, quelque part entre les deux oreilles.
En parlant de troisième album, d’autres néerlandais ont failli se laisser clore l’année 2011 dans l’indifférence générale, alors que leur nouvel opus, paru en novembre, atteint lui aussi des sommets. À l’inverse de leurs compatriotes Moss, Alamo Race Track creuse indéfiniment un sillon folk-rock américain et transcende le genre vers un style qui finit par n’appartenir qu’à eux. Quand Black Cat John Brown laissait les fans perdus aux confins d’une Amérique mystérieuse, le magnifique et lumineux Unicorn Loves Deer aux cuivres chantant, à la mandoline frissonnante, aux cordes radieuses, aux arrangements qui lorgnent tant vers la pop baroque que la terre ainsi remuée semble exhaler des accents britanniques, retrace un nouvel itinéraire sur la route d’ART.
C’est la force de ce disque justement – et une fois de plus – d’assimiler avec tant d’inspiration les influences que l’identité propre du groupe, une forte personnalité, un talent indiscutable surgissent naturellement dans un désormais classique “The Moon Rides High”, tandis que l’esprit se laissera subjuguer par la fin enivrante de “Hypnotized II”. Un disque qui commence par « We got hope in the future » et se conclut par « We need a revolution in our minds » ne peut objectivement être mauvais.
Il faudra enfin souligner le travail du label Excelsior, néerlandais également – mais accueillant la distribution de Liam Finn par exemple – qui permet à la pop hollandaise de survivre et perpétuer les heures de gloire… des Nits pour ne citer qu’eux.
L’album de Moss en écoute intégrale :
L’album d’Alamo Race Track en écoute intégrale :