Brillant artisan de la cause indie-folk, Tim Howard excelle sur un sixième album humble et attachant.
Il suffit parfois de bien peu de choses pour émouvoir profondément. Loin des productions à gros budget et des studios d’enregistrement aux équipements dernier cri, certains artistes se plaisent ainsi à cultiver modestement, en marge de l’actualité et sans aucun artifice, leur art de la chanson parfaite. Emblématique de cette posture volontairement discrète mais source régulière de ravissement, Tim Howard mène depuis plus d’une décennie sa formidable embarcation lo-fi, au gré d’une inspiration toujours incroyablement fertile. Sixième étape d’un parcours étonnant de régularité, 1943 est une nouvelle collection de titres remarquablement écrits et arrangés, certes dénués de réelle surprise, mais que les amateurs d’un certain classicisme lumineux ne manqueront probablement pas de plébisciter.
Quatre ans après You’re No Dream, qui avait enfin donné à cet étincelant songwriter originaire du Massachusetts (et désormais installé, aux dernières nouvelles, du côté de Brooklyn) l’occasion de bénéficier d’une vraie exposition de ce côté-ci de l’Atlantique, Soltero aura cette fois-ci bénéficié du concours de l’excellente maison de production Microcultures pour l’accompagner dans la réalisation de son sixième long format. Le principe – un appel à la participation financière des auditeurs via une souscription visant à soutenir la production de 1943 – correspond à vrai dire parfaitement à la démarche artisanale de Soltero.
Le projet de Tim Howard est en effet avant tout une entreprise à taille humaine. Aussi humaine et pétrie d’humilité que sait l’être sa musique, tellement proche de nous que l’on se trouve une nouvelle fois saisi par l’impression de fréquenter depuis toujours ces compositions pourtant toutes inédites. De vrais miracles de pop-folk fervente et bienfaitrice qui renvoient illico aux grandes heures aériennes de Galaxie 500 ou, plus proche de nous, aux mélopées scintillantes d’Avi Buffalo ou Phantom Buffalo. « Wondering » ou « Mercenary Heart » subliment ainsi leur amateurisme de façade pour s’inviter en toute discrétion au banquet des plus belles réjouissances musicales de notre époque. La première promène sa douce nonchalance estivale le long d’une mélodie attrape cœurs, quand la seconde frappe par une évidence tellement désarmante qu’elle pourrait même souffler quelques précieux conseils d’écriture à David Berman ou Stephen Malkmus. Petites merveilles ciselées avec une infinie délicatesse, « Alegria », « Rider Sho », »Bobby O » ou la velvetienne « Teen Angel », pour ne citer qu’elles, prolongent par ailleurs un peu plus la magie palpable d’une relation dont on prendra soin de conserver le fil.
Car même s’il on devine toujours plus ou moins ce que l’on trouvera sur un nouveau disque de notre ami américain, l’émotion de la première rencontre ne manque jamais d’affleurer à chacune des nos retrouvailles. Assurément la marque des plus belles histoires.
Soltero – « Wondering »