Sixième opus pour les meilleurs challengers de la power pop outre-atlantique, et toujours pas le moindre signe d’essoufflement.


La meilleure cure de vitamines pour démarrer de bon pied la rentrée est disponible depuis fin août : Bill Bruisers, le sixième opus des orfèvres New Pornographers. Quatre ans après le déjà inséparable Together, la fine équipe constituée entre autres de Carl « AC » Newman, Daniel « Destroyer » Bejar, Neko Case et John Collins (huit membres au total, dont quatre chanteurs tout de même! ) ont réussi l’exploit de sonner encore plus soudés et enthousiastes que jamais. On imagine encore une fois le conséquent travail en amont pour son leader Carl Newman, sa plus grande difficulté étant de reconstituer sa dream team en studio, ses plus éminents membres mentionnés ci-dessus étant accaparés par leur carrière solo et divers projets parallèles.

Depuis leur troisième et meilleur album à ce jour Twin Cinema (2005), les New Pornographers ont jusqu’ici réussi à maintenir l’excellence, à l’exception peut-être du moins festif Challengers en 2007. Au point d’être aujourd’hui considérés comme les meilleurs représentants de la power pop outre-Atlantique, grâce à leurs chansons « excitées » (ou récrire XTC c’est selon) à souhait, gorgées de chÅ“urs vibrants (des ooh et des ah à foison) et d’arrangements référencés sixties, finement ciselés. Ces petits joyaux mélodiques sont suffisamment denses et surprenants pour ne pas lasser seulement au bout de la troisième écoute. Tout un art que son principal songwriter et chanteur Carl Newman maîtrise redoutablement (nouvelle démonstration sur le percutant « DanceHall Domine » ou encore « Fantasy Fools »).

Et ce nouvel opus ne fait pas exception. La pochette du disque et ses jolis néons électriques ne nous trompent pas sur la couleur du disque : le ton général se veut festif et coloré, souligné à grand renfort de claviers aux sons bigarrés et de chÅ“urs délicieux. On note aussi la résurgence de guitares nerveuses, avec pas mal de rythmiques punk/new wave jouées à la manière des premiers Cars. La couleur est d’ailleurs donnée dès la première plage, « Bill Bruisers », où l’auditeur est immédiatement pris dans une montagne russe d’harmonies et de progressions mélodiques sinueuses. Question ratio en songwriting, les treize titres sont partagés dans la moyenne habituelle : Carl Newman compose toujours l’essentiel du disque, tandis que trois morceaux sont signés par Dan Bejar. A souligner que le songwriting très distinctif de ce dernier ne s’est jamais aussi bien fondu dans l’ensemble (le singulier « Born With a Sound » en duo avec Amber Webber de Black Mountain. Et une vocaliste de plus ! Une !). Une cohésion dont les claviers cette fois prédominants de John Collins, coproducteur du disque, y ont certainement contribué. Les nappes aériennes sont tout aussi réussies sur « Champions of Red Wine », chanté par la voix puissante et assurée de Neko Case (son dernier album est une merveille, soit dit en passant).

Autre surprise, « Wide Eyes », léger et revigorant comme une bulle de savon, avec les superbes parties chantées en alterné par Neko Case et A.C Newman. La fête est à peine perturbée par le single – excellent au demeurant – « War on the east Coast » composé par un Dan Bejar toujours en plein trip glam/new wave, et qui nous chante avec son humour si particulier une déclaration de la troisième guerre mondiale… Quel autre groupe est capable de nous faire sourire à l’écoute d’une telle mauvaise nouvelle ? C’est là toute la magie de ce groupe, qui parvient à nous rendre vivant en n’importe quelle circonstance.