En novembre dernier, le label indépendant parisien Clapping Music tirait sa révérence après quinze années d’une aventures artistique pleine d’audace, de passion et d’amitié.


En novembre dernier, le label indépendant parisien Clapping Music tirait sa révérence après quinze années d’une aventure artistique pleine d’audace, de passion et d’amitié. Le label fondé par Julien Rohel laisse derrière lui un catalogue qui a fière allure, oeuvrant aussi bien du côté du giron post-rock (Mermonte), que celui du folk-rock débridé (Centenaire), du psyché-kraut-rock (Yeti Lane), de l’electro pop délurée (The Konki Duet), de la pop de chambre cosmique (Orval Carlos Sibelius), et d’autres ovnis tels que Encre, Egyptology… pour ne citer que ceux qui nous viennent directement à l’esprit. Ultime sortie du label, Holy Names, quatrième album de My Jazzy Child, projet folk déviant de Damien Mingus, n’a pas bénéficié de l’exposition qu’il méritait. Il faut réparer cette injustice, car le disque est une merveille.  Figure historique du label, Damien Mingus est un musicien discret qui a navigué dans divers projets, notamment au sein du collectif Centenaire où il tient le chant. The Drums, le précédent opus du multi-instrumentiste banlieusard, remontait à 2011 (en omettant la compilation Camarade Violence parue en 2014). Holy Names propose dix compositions  (plus deux  interludes instrumentaux) qui renouent avec un certain classicisme, enregistrées sur un quatre-pistes avec son fidèle complice Stéphane Laporte (Domotic et également membre de Centenaire) qui a apporté un mellotron, une boite à rythme et quelques “voix fantômes”…  L’approche se veut en conséquence plus intimiste :  juste la voix et les arpèges acoustiques de Mingus inquiétés par ce son si caractéristique de mellotron très « canterbury » qui cultive l’ambiguïté, des mélodies saillantes basculant dans un état de lumière et d’ombres : “It’s Gonna Be Calm” avec ses choeurs sortis d’un giallo ; le crépusculaire “Your Car” ou « Easy To Forgive » à la mélodie obsédante et ses arrangements subtiles ; le touchant “Coltrane”s Fight” une brouille de couple autour de John Coltrane …  L’obsession vouée à Nick Drake depuis le premier album Sada Soul paru en 2003, est peut-être plus présente que jamais (Easy to forgive). Un morceau tranche, “That Promised Land”, limite tubesque avec sa boite à rythme dansante cheap… “Mars” nous place quant à lui en orbite, pas très loin de la constellation Six Organs of Admittance, loin, très loin au-dessus des étoiles… Holy Names est certainement l’album le plus accessible de My Jazzy Child, le plus émouvant aussi.  A noter en sus, une pochette splendide qui ne gâche en rien le plaisir et prend toute sa dimension en format vinyle. Réparons cette injustice au plus vite.

 

Clapping Music – 2016

 

Tracklisting :

  1. Holy Names
    2. That Promised Land
    3. It’s Gonna Be Calm
    4. Coltrane’s Fight
    5. Impromptu 1
    6. Cigarettes
    7. Your Car
    8. Impromptu
    9. Easy To Forgive
    10. Mars
    11. Listen To the Night
    12. Waving Goodbyes