The Go ! Team tambourine dans tous les sens et jongle avec les influences rock, électro, hip hop, funk, pop, soul …
Ian Parton et son big band font un barouf d’enfer, comme à leur habitude. Là où ils se produisent la fête est totale. Ces musiciens n’ont jamais été mous du genou, leur musique est dopée aux bonnes vibrations. La troupe de Brighton est d’ailleurs régulièrement rattrapée par la patrouille ; les résultats de leur contrôle antidopage sont édifiants : les taux d’optimiste et de festivité crèvent systématiquement les plafonds ; impossible en effet d’y détecter une quelconque trace de morosité. Depuis 2004 et leur foudroyant premier essai Thunder, Lightning, Strike ces musiciens n’ont eu cesse d’expérimenter, avec panache, une fournée de sons et d’influences. Dans cette catégorie on ne leur connait d’ailleurs qu’un challenger – The Avalanches.
Depuis la troupe a fait son chemin et matche toujours avec les sons, les samples, les boucles et les styles ; le tout est plongé dans un grand bain bouillonnant. De la troupe du début on retrouve trois membres originels et aguerris : Ninja (la rappeuse), Sam Dook (guitariste) et le grand manitou Ian Parton. Se sont greffés pour ce cinquième opus Simone Odaranile (batterie) et Maki aka Angela Won-Yin Mak (chant). Annelotte de Graaf (Amber Arcades) et Julie Margat (Lispector) se frayent aussi un chemin. Pour le concept du jour – capter l’esprit d’une fanfare lycéenne américaine – s’ajoutent deux trompettistes. Sans oublier bien sûr la talentueuse et jeune chorale de Detroit (The Detroit Youth Choir) spécialement démarchée pour l’occase. On le remarque de suite – Semicircle est une niche riche en collaborations. De cette diversité et profusion de talents doit forcément rejaillir quelque chose de positif. C’est donc avec un vrai enthousiasme que l’on découvre la musique.
Ce cinquième album c’est donc l’histoire d’une fanfare lycéenne US, en VO un « Marching Band ». Parton n’est que sélectivement fan du concept. Voilà tout l’enjeu de son nouvel enregistrement ; ressortir la substantifique moelle de cette musique et l’amalgamer avec ses influences musicales. Exemple : rechercher la dynamique (la marche en avant), celle du percussionniste qui donne la cadence et marque le rebond.
Les fanfares lycéennes répètent dans le gymnase de leur école, ok …, Parton a donc voulu lui aussi (c’était sa volonté) et réussi, à restituer cette impression que tous ses musiciens ont enregistré dans ce même lieu. A quoi pensait-il ? Rechercher une compartimentation entre chacun des instruments et développer une sensation de résonance et de profondeur.
Tout débute par un signal de détresse frénétique et en morse – “Mayday” est son code : m.a.y.d.a.y. ! les impulsions sont courtes et débridées. Les paroles sont légèrement anxiogènes mais la mélodie est dynamique. Une vibration de dingue se forme (une déferlante plutôt), elle ne décroîtra plus ; car l’excitation perdure. Ian Parton et sa troupe ont déjà le pied au plancher. Des chants, des cris une rythmique à fond les ballons, on va vraiment s’éclater.
Ian Parton jongle, car il n’a pas oublié non plus les mélodies structurées dans un style bubblegum pop (“Chain Link Fence”). Mais les distorsions des percussions et des cuivres veillent au grain.
On se déchaine sur “Hey!”, l’entame est monstrueuse, un véritable Wall of Sound cher à Phil Spector. Ce morceau fait partie des gros titres de cet album tout comme l’excellent “She’s Got Guns” où Ninja nous déride sévèrement. “Semicircle Song” est LE morceau des invités. Les adolescents américains de la chorale de Detroit City y excellent, ce titre est plein de fraicheur, de vitalité et de jeunesse à l’image de cet album. L’amateurisme de ces invités est leur atout ; ils emporteront les derniers boudeurs.
Ce disque est bourré d’instruments ‘exotiques’. Une multitude de cuivres (brass), trompette, tuba, trombone et de percussions (steel drums, glockenspiel, percussions accordés -originaire des caraibes) circulent en toute liberté au côté des classiques guitares et claviers ! Les idées musicales fusent, le cocktail sonore est kaléidoscopique. La rythmique est puissante. Semicircle doit s’écouter à haut volume ! Sous la densité de cette musique se cache un vrai professionnalisme. Ian Parton est minutieux, enregistre étape par étape chaque instrument ; sa musique se construit par empilement. Semicircle est un mille-feuille généreux débordant de crème ! “All The Way Live” est l’exemple idoine. Sur la longueur, ces douze titres sont une vraie séance de cardio vécue dans la bonne humeur.
C’est puissant, ça groove, c’est de temps en temps funky, ça rapouille, ça popise, ça mitraille, ça parade, hip hop hip hop ! … la fanfare est en marche, la troupe est heureuse et au complet, le lycée est en ébullition, l’euphorie n’est pas loin, la fête est totale !
Ian Parton et son gang The Go ! Team nous font passer un vrai bon moment.
Memphis Industries – 2018
http://www.memphis-industries.com/artist/the-go-team/
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Tracklist :
- Mayday
- Chain Link Fence
- Semicircle Song
- Hey!
- The Answer’s No – Now What’s the Question?
- Chico’s Radical Decade
- All the Way Live
- If There’s One Thing You Should Know
- Tangerine / Satsuma / Clementine
- She’s Got Guns
- Plans are Like a Dream U Organise
- Getting Back Up