Car Seat Headrest mérite plus d’intérêt que son triste épisode médiatique en 2016, suite à sa débâcle industrielle et judiciaire contre Rick Ocasek…


Car Seat Headrest mérite plus d’intérêt que son triste épisode médiatique survenu en 2016, suite à sa débâcle industrielle et judiciaire contre l’impitoyable Rick Ocasek (résumé à lire ici). Avant donc de percer cette année là avec le formidable Teens of Denial (Matador), le groupe du chanteur et guitariste Will Toledo – tout juste 23 ans – avait déjà enregistré et sorti sur son compte Bandcamp une bonne dizaine d’albums d’essence indie rock. A savoir un pur concentré de guitares débraillées et vibrantes estampillées Lo-Fi, dans la digne lignée des pontes Pavement et Guided By Voices. Au sein de cette discographie souterraine, Twin Fantasy, initialement paru en 2011, demeure l’un des plus aboutis de cette période insouciante et fertile. L’album y tient aussi une place particulière pour Toledo, car inspiré d’une rupture sentimentale… thème on ne peut plus classique, mais comme on le sait aussi, source d’inspiration intarissable. Ce sont probablement pour ces différentes raisons que le groupe a décidé de réenregistrer et « réimaginer » toutes les chansons de Twin Fantaisies dans des conditions studios dignes de ce nom – et dans une version sensiblement rallongée de 71 minutes au total, contre 59 minutes sur la précédente. Si l’ensemble s’avère effectivement trop long, il serait toutefois dommage de rater quelques unes des plus belles déflagration électrique entendues ces derniers temps (les épatants « Beach Life-In-Death », « Stop Smoking »). Sans compter que Will Toledo et ses comparses ont eu la bonne idée d’inclure en guise de bonus la version « Lo-Fi » originelle. L’objet devient alors le fascinant témoignage du processus créatif d’un groupe, où l’on ausculte (difficile d’y résister forcément) les compositions, comment certaines  peuvent perdre ou gagner en intensité selon le traitement choisi. C’est le cas notamment du déchirant « High To Death », mieux échafaudé dans sa progression mélodique, avec ses six-cordes superbement ciselées. Ou à contrario, « Nervous Young Inhumans », dont on préférera la première version, brut et moins longuette (décidément). Qu’importe, l’équilibre entre insouciance d’hier et désir de sophistication ne pose vraiment de dilemme pour ces étranges têtes de siège auto, tant Twin Fantaisies n’est pas avare en moments de grâce. Rien de choquant non plus, quand on sait que la quatuor s’amuse à reprendre en concert la redoutée pièce-montée « Paranoïd Androïd ». Et ils s’en sortent avec les honneurs en plus.

  • En concert à Paris, Le Trabendo, le 26 mai

www.carseatheadrest.com/

Tracklisting :

1. My Boy (Twin Fantasy)
2. Beach Life-In-Death
3. Stop Smoking (We Love You)
4. Sober to Death
5. Nervous Young Inhumans
6. Bodys
7. Cute Thing
8. High to Death
9. Famous Prophets (Stars)
10. Twin Fantasy (Those Boys)