On se laisse volontiers bercer par les chaudes compositions de ce songwriter country/ folk originaire de Toronto.
Le songwriter Doug Paisley n’a pas inventé la poudre, on vous prévient, mais en revanche on ne pourra décemment pas lui retirer certaines qualités qui, aujourd’hui, suffisent amplement à notre plaisir d’écoute. Par exemple, son art avéré de mettre en boite des compositions soigneusement arrangées selon les us et coutumes inhérentes à son style de musique ou bien son réel savoir-faire à composer de solides et chaleureuses mélodies. Paisley connait ses gammes et maîtrise à merveille les codes du genre. Starter Home quatrième LP du musicien canadien est une collection homogène de compositions country-folk, toutes sans exception de bonnes factures. Ce quatrième LP regorge de riches arrangements mais aussi de subtiles picking de guitares lovés dans des compositions acoustiques. Sa musique crépite comme le petit bois se consumant dans un feu de cheminée accueillant. A l’orée de l’hiver il est donc le bienvenu.
L’artiste canadien est à la croisée de différents styles : Paisley ne baigne pas dans la country alternative ou alt-country (americana), ses compositions ne sont pas profondément habitées – autrement dit sa country-folk n’est pas dépressive (il tourne avec Will Oldham mais il ne fait pas du Palace Brother), à l’exception peut-être de sa collaboration sur le single ’Until I Find You’ (avec en featuring Bonnie « Prince » Billy), ces chansons lorgnent subtilement vers la pop (significativement sur Constant Companion en 2010, un peu moins sur Strong Feelings en 2014) avec un fort penchant pour la folk aujourd’hui, sa country n’est pas rock, ni Red Dirt, ni même traditionnelle, bref il a son style bien à lui, qui dernier point, nous semble hyper familier dès les premières notes venues. Sa voix attachante au timbre calé entre le ténor et la basse est bien agréable et riche, elle est un soupçon éraillée, un soupçon fatiguée et sied parfaitement à sa catégorie.
Tout commence à la cool et paisiblement avec “Starter Home” : la voix de Paisley est accompagnée par la pedal steel guitar de Michael Eckert et la basse de Ben Whiteley. Le temps semble se figer, il n’y en a que pour la musique. Les 8 compositions suivantes (à diverses degrés) resteront calées dans cet écrin dénudé et bien folk. Un nuage de mélancolie est aussi perceptible, il affecte sensiblement l’ensemble de cet opus, le plus bel exemple est sans doute le poignant “Drinking with a Friend” belle réussite intimiste magnifiée par la guitare à résonateur de Don Rooke et l’orgue de Chuck Erlichman. Ce quatrième opus est le récit d’hommes et de femmes au destin contraire (les anglophones apprécieront). Une tranche de vie mise en musique.
Paisley aime partager le chant avec les artistes canadiennes, notamment Leslie Feist en 2010 et Margaret O’Hara en 2014. Il partage aujourd’hui les harmonies vocales sur les trois derniers morceaux avec l’interprète canadienne Jennifer Castle (déjà présente sur Constant Companion). “Waiting” est un beau moment de communion intimiste magnifié par un violon et un piano, tout le contraire de l’entraînante et excitante conclusion “Shadows” que l’on pourra presque qualifier d’anomalie par rapport à la tendance générale ; c’est pourtant la conclusion idéale.
No Quarter / Differ-ant – 2018
https://www.facebook.com/dougpaisleymusic/
Tracklisting :
- Starter Home
- No Way to Know
- Dreamin’
- Easy Money
- Mister Wrong
- Drinking with a Friend
- Waiting
- This Loneliness
- Shadows