Ne l’appelez plus slacker. Ne le considérez plus comme un mini Mac Demarco. Th Da Freak s’émancipe avec une production à la hauteur de ses composition, et passe un cap.


Ce qu’il y a d’extraordinaire avec le charme, c’est qu’il ne s’explique pas toujours. Ainsi peut-on, sans scrupule aucun, arborer une coupe au carré, cheveux teints en bleu (avec des bouclettes), l’associer à un tee shirt orange (harmonie des couleurs, quand tu nous tiens) et tourner avec ses copains un clip en qualité VHS (ça, c’est à la mode) dans lequel on croque tous ensemble des oignons venant de l’espace. Sans que le charme ne s’estompe d’un iota. Fou. Ainsi, avec le clip de « Peeling The Onion », Th Da Freak marque son grand retour (après 3 mois de silence discographique tout de même) et annonce « Freakenstein », nouvelle étape vers (encore un peu) plus de production.

Réfutant l’étiquette de slacker que les médias lui ont vite collé, Thoineau Palis se démène, s’auto produit, et crée les Flippin’ Freaks, un rassemblement d’artistes Bordelais, une nouvelle scène touche à tout, organisant concerts et autre happenings, un émulateur à idées. Y faisant appel pour la première fois sur album, il leur aurait laissé une petite place pour étaler leur créativité, cependant que le style n’a pas été bouleversé : des distorsions aux titres des chansons (« Mars Attack !! ») jusqu’à la qualité des vidéos donc, tout sonne comme un album des 90’s, sans moyens mais avec beaucoup d’inspirations. Soutenu depuis ses débuts très lo-fi par des dénicheurs de talents aguerris tels Libération et les Inrocks, le jeune Bordelais s’est récemment distingué de la masse des clones de Mac DeMarco avec « The Hood » sorti l’an passé et dévoilant ses talents de compositeur.  Il franchit une nouvelle marche avec « Freakenstein », tant dans la qualité des compositions, de leur éclectisme que dans la propreté du son.

Cela s’entend dès la courte et classieuse introduction façon Tropicalia, surpassée seulement en fin d’album par une excellente outro nous invitant à humer le parfum des rues de la Nouvelle Orléans. Deux parenthèses calmes et maîtrisées aux extrémités d’un album résolument foutraque, composé de quelques morceaux variés et brinquebalants. Ainsi « Kurtains » avec son riff labellisé Kurt Cobain et ses paroles d’adolescent débile ajouté à « Freakenstein !! », au chant aussi désincarné que la batterie et la distorsion semblent habités, représentent les deux sommets rageurs de l’exercice. Pour le reste, les mélodies sont enjôleuses (« Never Enough Beer » et ses chœurs qui s’immisce dans votre cerveau), délicieusement ringardes (« Mars Attack !! »), découpé en plusieurs parties (« Hospital », « Nutty ») et rappellent systématiquement des sonorités de Série-B d’un autre temps. De la guitare gluante de « Peeling The Onion » à l’arpège délicat de « Hospital », l’unité de ton est respectée. Ou l’art de proposer une musique décousue et maîtrisé à la fois. Charmant.

En concert à Paris, au Point Ephémère, le 27 Mars

 

2019 – Howlin Banana Records and Bordeaux Rock (sortie album le 8 mars)

https://thdafreak.bandcamp.com/

Tracklisting:

  1. Thrill! Love! Freakenstein!
  2. Nutty
  3. Surrender
  4. Mars Attack!!
  5. Kurtains
  6. Peeling The Onion
  7. Freakenstein!!
  8. Never Enough Beer
  9. Hospital
  10. Adios Freakos