Souvenir radieux de notre bande-son pop de l’été 2019, la pop léchée de ce trio francilien revient à point nommé nous mettre du baume au coeur en ces temps reclus.
Souvenir radieux de notre bande-son pop de l’été 2019, The Reed Conservation Society revient à point nommé nous mettre du baume au coeur en ces temps reclus. Lorsque le titre de ce mini-album se veut encore une fois sommaire (Ep 2), à charge de la superbe pochette de suggérer les splendeurs qui s’y trament à l’intérieur : le tableau d’un portrait féminin, présence anonyme, appuyé à un mobilier noble, teintes de rideau pastel, lettrine raffinée…
Car les franciliens de The Reed Conservation Society (formé en 2018) oeuvrent incontestablement dans la pop “lettrée”. Ou plus précisément une indie pop de chambre, poussée par un désir de raffinement qui n’a déjà rien à envier aux cadors de la pop aristocratique. On pense aux icônes pop néo romantiques Prefab Sprout, Pale Fountains, ou encore The Divine Comedy, pour ce goût de cultiver les belles choses, aussi bien musicales que littéraires. Notre trio esthète emmené par Oz (Stéphane Auzenet, chant et composition) et ses deux complices Lt. Replay (Laurent Riatto, guitare) et Mr. Lips (Mathieu Blanc, cuivres) déclinent des histoires de compromis amoureux et de déceptions sentimentales sur fond de mélodies souveraines aux enluminures soyeuses (theremin,flûte, clarinette, tuba, trompette…). Ces adeptes de l’autoproduction se donnent indéniablement les moyens de leurs ambitions – mention spéciale à “Coffee & Contemplation”, avec ses trompettes divines et la fanfare, « Love Records Story ».
Joueur dans l’âme, The Reed Conservation Society distille les clins d’oeil et références à chaque piste, mais en optant pour le contre-pied, histoire de ne jamais tomber dans la facilité. Tel ce “Weather Report” qui n’a pas grand chose à voir avec le jazz fusion, mais nous adresse plutôt un bulletin météo pour un automne boisé et confiné – ou “folkiné, si vous préférez – puis de s’envoler finalement vers des nimbostratus de la twee pop à guitare. « Joni & David », nous transporte quant à elle vers les collines de Laurel Canyon, plongé dans une atmosphère embrumée où s’estompe des harmonies délicates à la Buffalo Springfield, avec la voix haut-perchée de Fabien Guidollet (Facteurs Chevaux).
Sur « Astronomy Divine », en pense bien sûr au groupe de Syd Barrett, mais le piano dominant s’avère pas si “barré(tt)” et les choeurs flottant nous caressent en direction de Glasgow, fief de l’indie pop ultra-sensible. Guère étonnant que le brin de voix tout en retenue et faussement détaché d’Oz nous renvoie forcément outre-manche à la jeunesse d’un Stuart Murdoch, voire même parfois d’un Mark Gardener (Ride). Vivement le volet final de ce triptyque décidément sans la moindre fausse note.
TBA physique – Autoproduction / Inouïe Distribution – 2020
Tracklisting :
- Antonio Bay
2. Joni & David
3. Love Record Story
4. Weather Report
5. Astronomy Divine
6. Coffe & Contemplation