Cinglante et implacable troisième galette de la formation post-punk Idles.


Depuis sa sortie fin septembre on replonge fréquemment et avec frénésie dans la nouvelle tornade musicale du combo british Idles. Ultra Mono stimule toujours autant vigoureusement nos tympans et nous fait une piqure de rappel salvatrice sur les priorités sociétales.
Notre dernier rassemblement avec le quintet de Bristol (Live at Le Bataclan) est aussi encore bien ancré dans nos mémoires, quel intense souvenir.

Cette nouvelle suite bouillante de 12 rutilants brulots est grandiose et extatique. Ultra Mono concentre en effet toute la matière instable (la furie) de leurs deux précédents LP Brutalism et Joy as an Act of Resistance. Cette désormais triplette est un modèle du genre.

Ce 3ème volet est d’une intransigeance et d’une férocité folle, il est bâtit sur un flot d’accords furibonds de guitares. La production travaillée de Nick Launay (Nick Cave, Midnigth Oil) et Adam Greenspan (Black Rebel Motorcycle Club) laisse intact l’angle d’attaque frontal de chaque morceau mais apporte peut être une clarté supplémentaire dans le rendu final. La voix toujours aussi rageuse de Talbot évacue et transcende ses textes singulièrement vindicatifs.
La carte des invités est étonnamment éclectique : le nerveux David Yow (Jesus Lizard) côtoie le calme pianiste de jazz Jamie Cullum et l’accomplie Jehnny Beth (Savages).

Cette suite radicale de vignettes punk glisse fréquemment sur le terrain du punk-hardcore ou du metal (on ne sait plus trop) à la seule exception du funeste ‘’joy divisionesque’’ « A Hymn ». Ultra Mono a été conçu musicalement selon Talbot & Co pour capter et retranscrire l’esprit d’une production de hip-hop avec l’aval sur certains titres du producteur Kenny Beats (FKA Twigs). C’est éclatant sur la satire de l’english way of life « Model Village » clippé par le réalisateur Michel Gondry.

Les musiciens ne vont jamais baisser la garde. Revendications sans négociation possible et musique inflexible sont les mots d’ordres.
De l’ouverture « War » sans équivoque, en passant par le fracassant « Carcinogenic » ou le violent « Anxiety » (qui fait son lit dans une carabinée source d’angoisse) ou sur le monstrueux et robotique « Reigns » qui vrille de toute sa puissance, la totalité du puissant Ultra Mono est un grand moment d’abandon.

Que l’on ne vienne donc pas chercher des poux aux guitaristes Mark Bowen et Lee Kiernan, au bassiste Adam Devonshire, au batteur Jon Beavis et au frontman Joe Talbot, car Idles est un clan uni pour crier les revendications de milliers de désunis. Ultra Mono appuie là où ça coince sévèrement. Leurs combustibles : les thèmes sociaux anxiogènes, la brutalité des relations humaines, la lutte contre le harcèlement sexuel, les guerres, l’immobilisme politique,… .
Ce ballon rose criard et protéiforme, qui orne la pochette, est à l’image de notre société prêt à imploser ou à écraser qui se dressera sur son chemin.

Les cinq forçats d’Idles sont les porte-paroles les plus éclatants de notre société.

Partisan Records – 2020

https://www.idlesband.com/uk

https://www.facebook.com/idlesband/

  1. War
  2. Grounds
  3. Mr. Motivator
  4. Anxiety
  5. Kill Them With Kindness
  6. Model Village
  7. Ne Touche Pas Moi
  8. Carcinogenic
  9. Reigns
  10. The Lover
  11. A Hymn
  12. Danke