La réédition du mini-LP conceptuel Faces In The Fire des Légendaires Points Roses nous replonge à l’orée de leur période dorée.

PIAS fête en toute modestie ses 40 ans. A cette occasion est repressé le mini-LP Faces in the Fire de la cultissime formation anglo-néerlandaise The Legendary Pink Dots. Estampillé BIAS 1, sortie en mars 1984, Faces In The Fire est alors la première production vinyle pour l’émergente structure Bruxelloise. Play It Again, Sam ! (avec la virgule et le point d’exclamation), nom en hommage à une réplique du film Casablanca, est à l’initiative de deux passionnés (Michel Lambot et Kenny Gates) qui fondent leur structure sur les cendres du premier label indépendant belge Sandwich Records.

Les Legendary Pink Dots, déjà très actifs au sein de la scène DIY, ils ont essaimé depuis 1982 une pléthore d’enregistrements : deux albums, Brighter Now (82) et Curse (83), une flopée de K7 autoproduites sorties sur divers labels (In Phase, Ding Dong, Illusion Productions…) et une multitude de titres éparpillés sur diverses compilations européennes. Le groupe va être séduit par l’intérêt que leur porte ce label émergeant plus professionnalisé que tout ce qu’ils ont usité jusqu’alors. Le deal acté, les Pink Dots vont alors connaitre un renouveau salvateur. Leur histoire commune durera 10 ans, elle actera la plus belle période du groupe où les chefs-d’œuvre psychédéliques baignés d’influences Krautrock, avant-gardiste, industrielle ou acide pop s’enchaineront assidûment. Le line-up du moment emmené par son chanteur charismatique et conteur hors pair Edward Ka-Spel, est composée de Phil Knight aka The Silverman le magicien des claviers, Street Majest Alarm (guitare), Roland Callaway (basse), le maestro du violon Patrick Q.Wright et April Iliffe (voix, clavier).

Conçu dans l’urgence en moins d’une semaine dans l’appartement studio de Pat Bermingham mentor du label In Phase, ce mini LP très spontané fait la part belle aux guitares, synthés, boîtes à rythme et séquenceurs. Sur le thème de l’holocauste nucléaire il marque une avancée dans le son du groupe. On quitte la naïveté et la fragilité des premiers enregistrements pour un son plus puissant, ardent et futuriste. L’intense « Love in a plain Brown Envelope » est à ce titre un must : il est traversé de bout en bout par une boucle électronique énorme combinée à une multitude d’effets et de sons (une voix lascive au téléphone, une déclaration fiévreuse à un cyborg («Oh, Cyborg! as a man you’re magic, as machine you’re mean, mean, mean»), de gémissements sexuels, d’arpèges inquiétants de violon (Pat Paganini signe ici sa première contribution au sein des Pink Dots). Le chant expressif de Ka-Spel passant par tous les états. Autre pièce de choix, « Neon Gladiators » s’ouvre sur le sample azimuté d’un prêcheur annonçant l’apocalypse. Le chant de Ka-Spel prend ensuite le relais et s’en donne à cœur joie dans un maelstrom de synthés, de guitares et de violons. Le son est colossal ; c’est la bande son redoutée d’une apocalypse annoncée. Ce morceau gagnera son titre de noblesse en live.

Faces in the Fire ce sont aussi des compositions plus ciselées et dépouillées, autre marque de fabrique de cette formation : « Blasto », « Sleezo » et « Kitto » séduisent par leur simplicité, leur émotion et notamment l’ajout de voix féminines (Ignit). La pochette (recto-verso) de ce 12’’ est réalisée pour la première fois par le talentueux graphiste Stephen Barbery qui accompagnera les Pink Dots durant un temps de leur longue histoire. Ses futures pochettes psychédéliques seront en totale adéquation avec l’imagerie et la musique des Dots. On ne connaitra pas mieux.

On termine par le plus beau et sur un concept : « La lumière émise par le Soleil met environ 8 minutes pour nous parvenir. Si le Soleil s’arrêtait de briller, on ne s’en apercevrait que 8 minutes après ! »… « Eight Minutes to Live » ! Respirons donc une dernière fois au son de ce dernier titre merveilleux qui résume à lui seul toute la quintessence de l’émotion que peut générer la musique des Pink Dots.

« Caroline était daltonienne alors qu’elle rêvait de couchers de soleil dorés et une mer de soldat bleu sans le sang. La journée n’est-elle qu’un rêve ? Si tu fermes les yeux, vais-je m’évanouir ? »

PIAS! / 2023

https://legendarypinkdots1.bandcamp.com/music

https://www.facebook.com/groups/319259291421060/

Tracklisting :

  1. Blasto
  2. Love in a plain Brown Envelope
  3. Sleezo
  4. Neon Gladiators
  5. Kitto
  6. Eight Minutes to Live

http://www.kormplastics.nl/space.html